20 décembre 2024
À Villeurbanne, un habitat inclusif pour personnes autistes ou sourdes
Publié le 11 octobre 2024 par Amandine Le Blanc
Offrir un cadre de vie adapté et un accompagnement personnalisé aux personnes sourdes et personnes autistes tout en favorisant leur insertion sociale, c’est l’esprit du projet qui a vu le jour depuis deux ans dans un immeuble du centre-ville. Reportage.
En ce mardi fin d’après-midi au 14 rue des Deux Frères à Villeurbanne, c’est l’heure de parties de cartes endiablées à tous les étages. Uno au 3e étage et Skyjo au rez-de-chaussée. Cet immeuble abrite deux projets d’habitat partagé et accompagné (HAPA).
Aux deux premiers étages, on retrouve une résidence d’une vingtaine d’appartements pour personnes sourdes autonomes : seniors, adultes et étudiants. Au 3e étage de l’immeuble, c’est Logited, habitat qui propose des logements pour personnes atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Des projets portés respectivement par le Cercle Lyonnais des Sourds Clubs Seniors (CLSCS) et l’association Arévale. Cet immeuble, géré par le bailleur Habitat et Humanisme a accueilli ses premiers locataires en mai 2022.
Le projet social derrière cet HAPA consiste à permettre à des personnes fragilisées de bénéficier d’un logement privé tout en ayant la possibilité de partager des moments de vie collective.
Vivre ensemble chacun chez soi
À Logited, depuis un peu plus de deux ans, Dylan, Lucas, Raphaël, Julien et les deux Étienne vivent donc chacun dans leur studio et partagent des espaces de vie communs : salle à manger et cuisine, salon, terrasses ou buanderie. Chacun des appartements est aménagé avec la touche personnelle de son locataire : collection de peluches pour Lucas, de BD pour Julien, tulipe au mur et dessin de Mika pour Étienne.
Dans les espaces partagés, on retrouve les traces des temps de vie collective et de leur organisation. Sur la porte d’entrée, sur un dessin, chacun doit épingler son nom à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison pour signaler s’il est rentré. À l’entrée de la salle à manger, le planning des activités indique le calendrier à venir et qui y participe : théâtre pour les uns, yoga pour d’autres, revue de presse pour tout le monde le mercredi. Un rythme qui s’articule avec les envies de chacun, leurs besoins d’accompagnement et leur vie en dehors de la résidence. Julien par exemple travaille la journée en usine en tant que sableur de pièces. En tant que coordinatrice de Logited, Jeanne Evangelista a ce rôle de chef d’orchestre pour gérer le quotidien, planifier les interventions, l’accompagnement nécessaire à chacun. « J’ai plein de rôles, j’ai un peu un rôle de gouvernante, je ne sais pas toujours comment va se passer ma journée quand j’arrive le matin, explique-t-elle. Mon poste est également charnière pour gérer les relations entre habitants, entre les habitants et leur famille ou entre les familles ».
La vie en collectivité, c’est parfois le mauvais côté, plaisante Lucas qui dit avoir parfois du mal avec « les contraintes à respecter ». Mais ce dernier, qui vivait déjà dans son appartement avant de venir ici, reconnaît que « c’est un bon moyen de rompre la solitude ».
Un espace adapté pour s’épanouir
Rompre l’isolement, c’est aussi un des aspects que Chrystelle apprécie. À 51 ans, elle est arrivée dans cette résidence destinée aux personnes sourdes autonomes, un an après l’ouverture. « Un vrai moulin à paroles », la taquinent Odette et Danielle, respectivement 84 et 83 ans, avec qui elle partage sa partie de cartes ce soir-là. Car ici, c’est chacun chez soi, mais avec des voisins et dans un environnement qui permet à toutes et tous de s’épanouir. «Les personnes sourdes doivent faire énormément d’effort au quotidien, rien que pour aller acheter du pain par exemple. Ici, les habitants sont dans un milieu où ils ne se sentent pas discriminés », explique Mattéo Brémaud, coordinateur animateur du projet. Les logements ont d’ailleurs été conçus pour prendre en compte leurs spécificités et être accessibles aux personnes sourdes. « Par exemple pour les sonnettes, ce sont des lumières avec différentes couleurs pour savoir si quelqu’un est devant la porte ou dehors. Il y a eu un travail aussi dans les pièces de vie avec au minimum deux fenêtres pour avoir le plus possible de luminosité naturelle », détaille Mattéo. Évidemment, la LSF (langue des signes française) est le moyen de communication de base entre les locataires parmi lesquels on compte en ce moment des personnes sourdes de différentes générations, certaines d’origines étrangères et un sourd aveugle.
Au rez-de-chaussée de l’immeuble, on retrouve des pièces de vie commune dans lesquelles se déroulent diverses activités : atelier bricolage ou pâtisserie, jeux, sorties… « On se réunit avec les résidents pour proposer les activités ensemble, voir ce qu’ils veulent faire et de quelles façons le mettre en place, explique Mattéo Brémaud. Le but est d’être vecteur de l’autonomie de la personne ». Mais l’objectif est aussi de s’ouvrir vers l’extérieur « et faire rayonner la culture sourde », à l’image de l’exposition récente qui mettait en valeur des artistes sourds. « Le fait d’avoir cette hospitalité, des personnes de l’extérieur qui viennent, ça nous rend plus riche », souligne Chrystelle.
Le travail avec des associations ou les écoles de jeunes sourds du territoire font aussi partie intégrante du projet. Et ils partagent aussi régulièrement des sorties et réunions avec les habitants de Logited ou le GEM (groupement d’entraide mutuel) Partage qui occupe également le rez-de-chaussée. Et quand le temps le permet, on peut aussi retrouver tout le monde dans le jardin partagé de la résidence, lieu d’activités communes.
La Métropole de Lyon soutient le financement de l’animation du groupe des habitants, en coordination avec la Caisse Nationale de Solidarité et de l’Autonomie dans le cadre de l’Aide à la Vie Partagée.
infos pratiques
Le 14 octobre, la Métropole de Lyon accueille Les rencontres territoriales de l’habitat partagé et accompagné, organisé par Réseau HAPA.
Au programme conférences et tables-rondes pour connaitre le sujet, ses enjeux, son réseau et les exemples de projet dans la région.
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