Le 8 octobre 2024
Depuis 2022 sur son territoire, la Métropole de Lyon a mis en place le dispositif AMéLyon pour améliorer le repérage et la prise en charge des addictions. Décryptage.
Prévenir les addictions, au plus près des publics exposés
Publié le 4 juin 2024 par Amandine Le Blanc
Dans le cadre du projet métropolitain des solidarités et de son volet prendre soin, la Métropole de Lyon met en place sur son territoire des actions de prévention et de promotion de la santé.
AMéLyon (Addictologie Métropole de Lyon) qui est déployé depuis 2022, en est un exemple innovant. L’esprit est de faire travailler ensemble les milieux du soin et de la prévention pour aller à la rencontre des publics sur la question du repérage et de la prise en charge des addictions aux substances psychoactives (alcool, tabac, médicaments, drogues).
Démarche de proximité
Il se déploie autour de cinq objectifs pour prévenir, repérer et accompagner à la réduction des consommations à risque. Et à ce titre, les Maisons de la Métropole de Lyon notamment et les professionnels qui y travaillent peuvent avoir un rôle-clé au plus près des populations exposées.
Claire Plisson, directrice de l’accès aux droits et aux soins de la CPAM du Rhône, rappelle qu’on observe de grandes inégalités sociales dans l’exposition à ces consommations. « Accompagner les populations les plus fragiles est donc un enjeu essentiel dans une démarche d’«aller-vers ». AMéLyon répond complètement à cette ambition en s’adressant aux futures et jeunes mamans, leurs conjoint.e.s et leurs jeunes enfants, ainsi qu’aux enfants placés, accompagnés dans les MDML », souligne-t-elle.
AMéLyon, c’est un projet financé par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) du Rhône, pour 2022-2024, dans le cadre du Fonds de lutte contre les addictions (FLCA). Il fait suite à un appel à projets auquel a répondu la Métropole en lien avec les Hospices Civils de Lyon (HCL).
Le public cible de ce dispositif ? Les personnes suivies par la PMI (Protection maternelle et infantile) ou l’ASE (l’Aide sociale à l’enfance) ou encore celles qui poussent la porte des CSES (Centres de santé et d’éducation sexuelles).
Le plan d’actions global de la Métropole contre les addictions a reçu 180 000 euros de dotation de l’Assurance maladie, dont 167 000 euros pour AMéLyon.
Les conduites addictives sont la première cause de mortalité évitable en France : la consommation de tabac est responsable de 73 000 décès par an (dont 45 000 décès par cancer), l’alcool de 41 000 (dont 15 000 par cancer) et les drogues de 1 600 décès chaque année.
Ateliers, formation des professionnels, appui en addictologie au sein des Maisons de la Métropole de Lyon … diverses actions se développent dans le cadre d’AMéLyon. On vous explique comment le dispositif prend forme sur le terrain.
La rencontre de deux mondes pour prendre en charge les addictions
Publié le 4 juin 2024 par Amandine Le Blanc
Aller à la rencontre des publics les plus exposés est un élément essentiel pour mieux prendre en charge et de manière plus adaptée les addictions. C’est dans cette démarche d’ « aller vers » que s’inscrit le projet AMéLyon (Addictologie Métropole de Lyon). À ce titre, un dispositif d’appui en addictologie a été mis en place directement dans certaines Maisons de la Métropole de Lyon du territoire. Explications
Depuis septembre 2023, dans le cadre d’AMéLyon, Gabrielle Fabry, infirmière diplômée d’État (IDE), intervient dans cinq Maisons de la Métropole de Lyon (MDML) de l’est du territoire : à Bron, Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Villeurbanne et Lyon 8.
L’idée est de transposer le modèle des ELSA (Equipes de Liaison et de Soins en Addictologie) qui existent à l’hôpital et qui viennent en soutien des différents services.
« La mission des ELSA est de diffuser la culture addictologique au sein du milieu hospitalier et d’avoir des missions de soin en appui. L’idée est la même, mais au sein des MDML », explique le Dr Véronique Fonteille, médecin addictologue, cheffe de service adjointe au service universitaire d’addictologie de Lyon (SUAL) et qui porte le projet AMéLyon pour les HCL.
« Le fait que des spécialistes en addictologie viennent chez nous, c’est une plus-value et le côté innovant du projet », ajoute le Dr Marie-Alice Bayle-Dufetelle, cheffe de service épidémiologie et promotion de la santé et directrice adjointe à la direction santé PMI de la Métropole de Lyon.
Orienter plus facilement
Gabrielle Fabry est donc présente physiquement une demi-journée par semaine sur chacune des cinq MDML pour des consultations avec ou sans rendez-vous. Une permanence téléphonique a aussi été mise en place avec un numéro dédié. Une fiche de liaison SISRA et une boîte mail générique permettent également de la contacter.
Les professionnels des PMI (protection maternelle infantile), CSES (centre de santé et d’éducation sexuelles) et de l’ASE (aide sociale à l’enfance) peuvent donc solliciter l’infirmière ou le Dr Fonteille pour échanger sur des situations, recevoir les usagers, etc.
« AMéLyon nous permet une orientation simplifiée et une coordination pluridisciplinaire », explique Valérie Andres, sage-femme de PMI à la MDML de Lyon 8e. Elle-même a suivi la formation proposée dans le cadre d’AMéLyon et est professionnelle ressource sur le territoire.
« Même les professionnels et les usagers qui ne sont pas dans une des cinq MDML où j’interviens, peuvent orienter vers moi. Parfois, sur ces sujets, les usagers préfèrent même ne pas venir là où ils sont suivis habituellement », précise Gabrielle Fabry.
La professionnelle va les recevoir pour une évaluation de la situation et proposer la prise en charge et l’orientation la plus adaptée en addictologie, en lien avec le médecin.
« La femme enceinte qui vient consulter peut ne pas se sentir malade, elle ne s’adresse pas forcément aux professionnels d’addicto, souligne Valérie Andres.
Les formations nous aident à aborder de façon plus fluide et sereine le sujet de consommation. AMéLYON nous permet une orientation simplifiée et une coordination pluridisciplinaire
Valérie Andrès,
sage-femme de PMI à la MDML de Lyon 8e
Des regards différents mais complémentaires
Lors de l’entretien prénatal, la sage-femme peut évoquer le sujet des addictions avec les patientes, répondre à leurs questions et les laisser se saisir de l’information pour revenir vers elle ou Gabrielle. « La prise de conscience sans être culpabilisante va aussi parfois permettre aux parents de trouver leurs propres solutions », ajoute la sage-femme.
Gabrielle Fabry, intervient aussi en salle d’attente pour parler avec les usagers. Outre les entretiens individuels, elle travaille aussi avec les structures pour mettre en place des actions de prévention, créer des affichages, des flyers, des outils dont patients et professionnels peuvent se saisir sur certains sujets. Le tabagisme passif par exemple. Des groupes d’information et d’échanges, gratuits et anonymes, sont aussi mis en place pour les usagers et leur entourage.
De la même manière, Gabrielle Fabry ou le Dr Véronique Fonteille peuvent aussi être mobilisée par les professionnels de l’ASE.
La richesse du projet, c’est aussi cette transversalité et la rencontre de deux mondes, celui de la prévention et du soin, et deux points de vue différents mais complémentaires.
Avec ce partage de différentes postures et depuis qu’on travaille conjointement, nos deux univers ont bougé ensemble
Dr Marie-Alice Bayle-Dufetelle,
cheffe de service épidémiologie et promotion de la santé et directrice adjointe à la direction santé PMI de la Métropole de Lyon
« Nous avons une double approche avec Gabrielle, de la femme enceinte et de l’environnement dans lequel elle vit », note Valérie Andrès. « Nous n’avons pas le même patient au départ et moi, je ne fais pas de périnatalité, explique Gabrielle Fabry. C’est enrichissant de changer les pratiques et d’avoir deux regards différents sur une situation. Il n’y a pas une personne qui a raison, une qui a tort ».
Déstigmatiser les addictions grâce à la formation
Publié le 4 juin 2024 par Amandine Le Blanc
Dans le cadre du dispositif AMéLyon, une formation est proposée pour les professionnels qui travaillent dans les PMI et services et établissements de l’ASE. Elle doit leur permettre de se familiariser avec la question des addictions pour pouvoir l’aborder avec les personnes qu’ils accompagnent. Elle met aussi à mal quelques représentations. Reportage.
Le premier objectif du dispositif AMéLyon (Addictologie Métropole de Lyon) est de faciliter le repérage des consommations à risque chez les personnes accueillies et accompagnées en PMI (protection maternelle infantile) et dans les services et établissements de l’ASE (aide sociale à l’enfance). Et cela passe par la formation de ceux qui y travaillent.
Depuis 2022, une formation sur deux jours, assurée par le service universitaire d’addictologie de Lyon (SUAL), est donc proposée. Car pour repérer les addictions encore faut-il y avoir été sensibilisé et savoir comment l’aborder.
« Il faut être à l’aise avec cette question. Comment parle-t-on de l’addiction à une famille, aux jeunes ? », explique le Dr Véronique Fonteille, médecin addictologue, cheffe de service adjointe au SUAL du GHE (groupe hospitalier est) et qui porte le projet AMéLyon pour les HCL.
Ancrer dans les habitudes
Pour cette première session de 2024, face au Dr Fonteille, on retrouve des auxiliaires de puériculture, des infirmières puéricultrices, des cadres de santé, des psychologues, des médecins, des sages-femmes, des conseillères conjugales et familiales, des cadres de l’ASE ou des travailleuses sociales …
Avant de commencer, chacune doit remplir un questionnaire vrai/faux autour des conduites addictives et un autre plus spécifique sur la marche à suivre pour la prise en charge d’une femme enceinte consommatrice de tabac, de cannabis, d’alcool, de cocaïne ou sous traitement de substitution. Ce n’est pas une évaluation, l’idée est de savoir d’où part chaque professionnelle. Elles rempliront à nouveau le même questionnaire à la fin de formation.
La première journée se concentre sur des connaissances théoriques autour des addictions et de la réduction des risques. L’idée est aussi d’acculturer ces professionnelles à l’addictologie, pour déstigmatiser et traiter la question des addictions comme n’importe quelle pathologie. Il faudrait pouvoir aborder la question de manière systématique, comme on le fait aujourd’hui par exemple sur celle des violences.
« On devrait pouvoir orienter un patient en addictologie aussi facilement qu’on le fait en cardiologie par exemple, insiste le Dr Fonteille lors de la formation.
Nous sommes là pour aider, pas pour juger, nous sommes tous dans le soin et la prévention. Si nous avons besoin de savoir si quelqu’un consomme, c’est simplement pour bien prendre en charge et adapter
Dr Véronique Fonteille,
médecin addictologue, cheffe de service adjointe au SUAL
Se défaire de ses représentations
Diffuser une culture de l’addictologie, mais aussi battre en brèche les idées reçues qui peuvent exister, c’est le but de cette formation. Car sur les addictions, peut-être davantage que sur d’autres sujets, les professionnels sont soumis à leurs propres représentations. « Il faut prendre la personne où elle en est et mettre en place ce qu’elle peut faire et pas ce qu’on voudrait qu’elle fasse », souligne le Dr Fonteille.
Cela passe notamment par la familiarisation avec ce qu’on appelle la réduction des risques.
« Pour ces patients, leurs consommations sont comme des béquilles. Si on leur enlève d’un seul coup sans travailler, ils vont se casser la gueule ou en prendre une autre », explique le Dr Fonteille. « Cela peut être dur à accepter, mais la bonne prise en charge parfois, ça va juste être de donner des seringues pour s’injecter ».
« Pour nous, il faut accepter de ne pas vouloir sauver à tout prix. C’est déjà une étape difficile », confirme une professionnelle de l’ASE qui participe à la formation.
L’appui d’une patiente experte
Le deuxième jour de formation est davantage pratique avec des mises en situation. Les professionnelles présentes rapportent des cas concrets qu’elles ont pu rencontrer.
Elles peuvent aussi questionner une patiente experte, personne ayant eu un vécu dans la pathologie, maintenant rétablie et formée qui aide ses pair(e)s pour diffuser de la connaissance autour de sa maladie. Dans le cas présent, la patiente experte, vient renforcer l’équipe pédagogique afin de partager notamment son expérience de troubles addictifs autour de la périnatalité. Un tel parcours fait donc écho, pour certaines professionnelles qui suivent la formation, aux parcours des personnes accompagnées en PMI ou CSES notamment.
Les questions sont nombreuses pour elle. Comment aborder le sujet, quelle question est la plus appropriée, qu’est-ce que votre entourage a pu entendre de vos difficultés d’alors, est-ce que vous avez dû couper certaines relations ? …
Sa présence permet aussi de remettre en question les représentations qu’on peut avoir d’une personne sujette à une conduite addictive. Cadre de santé et consommatrice pendant sa grossesse, jamais la question des addictions ne lui a été posée par les professionnels qu’elle a rencontrés à l’époque. « Est-ce que vous auriez répondu si on vous avait posé la question ? », l’interroge une sage-femme lors de la formation. « Je ne sais pas », reconnaît la patiente experte. Mais quand elle a décidé d’en parler à un professionnel de confiance avec la posture adaptée, « la manière dont ça a été abordé, je ne me suis jamais sentie coupable », raconte-t-elle.
Construire avec l’usager
Pendant plus de deux heures, son témoignage est précieux pour confirmer à ces professionnelles que dans le sujet des addictions, peut être encore davantage que dans d’autres domaines, il faut s’adapter à la personne et construire les solutions avec elle, selon jusqu’où elle est prête à aller.
« On ne peut pas aller plus loin si les gens ne sont pas prêts. Parfois, les objectifs sont petits petits mais c’est déjà ça », témoigne Gabrielle Fabry, infirmière spécialisée en addictologie qui intervient dans les MDML dans le cadre d’AméLyon, en lien avec le Dr Fonteille.
Après ces deux jours de formation, ce panel de professionnelles formées va permettre de constituer un réseau de personnes ressources sur les territoires pour participer à une dynamique de réseau.
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