31 octobre 2024
Préservation des terres agricoles, promotion d'une agriculture biologique et de proximité, aides aux exploitations : la Métropole de Lyon agit en faveur d'une agriculture locale afin d'accompagner une alimentation saine et accessible aux habitants du territoire.
Comment la Métropole encourage une agriculture locale
Publié le 14 octobre 2024 par Pierre Lelièvre
Enjeu de santé publique, l’accès à une alimentation de qualité pour les habitants de la métropole suppose la structuration d’une filière agricole durable et de proximité. Avec dix millions d’euros investis entre 2020 et 2026, l’agriculture locale en faveur d’une alimentation saine et accessible s’affiche comme un engagement de la Métropole de Lyon.
« Pourquoi acheter des produits qui viennent de loin alors que le territoire est en capacité de produire localement une large partie des besoins des consommateurs ? », interroge Véronique Zuber, agricultrice à Charly. Aujourd’hui, la production agricole locale représente 4,6 % du contenu des assiettes des Grands Lyonnais, quand le territoire métropolitain, élargi dans un rayon de 50 kilomètres, est en capacité de répondre à 93 % des besoins. Autant dire que la marge de manœuvre est là.
À cet égard, la Métropole de Lyon mobilise sur le mandat dix millions d’euros – quatre fois plus que le mandat précédent – pour soutenir et développer l’agriculture locale. Avec l’objectif d’accompagner la création et le développement des exploitations engagées dans un projet d’agriculture de proximité et durable.
« La Métropole de Lyon joue un vrai rôle de soutien pour nos activités, qui sont loin d’être lucratives et sont lourdes en investissement », loue Anne-Laure Davy, productrice maraîchère et arboricole à Collonges-au-Mont-d’Or depuis 2020. Située en zone périurbaine naturelle et agricole protégée (les zones Penap permettent de pérenniser la destination agricole des terres concernées), elle a notamment pu bénéficier d’aides pour le défrichage des parcelles et pour financer des équipements comme des serres ou des systèmes d’irrigation.
Soutien au bio
Un sérieux coup de pouce qui se traduit aussi dans le soutien à l’agriculture biologique. « Ça soulage la prise de risque et ça nous conforte dans notre démarche », assure Anne-Laure Davy.
Un plan d’aide à l’agriculture biologique a été voté en septembre 2023. Il vise à maintenir les exploitations agricoles en bio et accompagner l’installation de nouveaux exploitants notamment via l’espace test agricole qui a ouvert à l’automne à Vaulx-en-Velin. Dix-neuf pour cent des surfaces agricoles du territoire métropolitain sont aujourd’hui cultivées en bio par 70 agriculteurs. Avec l’ambition pour la Métropole d’atteindre 25 % de la surface agricole cultivée en bio d’ici 2026.
En chiffres : l’agriculture dans la métropole de Lyon
- 10 millions d’euros investis dans la politique agricole entre 2021 et 2026
- 230 agriculteurs installés sur le territoire
- 19 % de surface agricoles du territoire sont cultivées en bio
Un accompagnement à l’installation dont a pu bénéficier Véronique Zuber lorsqu’elle s’est installée à Charly en 2021 où elle exploite trois hectares en zone Penap. Alors qu’elle s’attache à cultiver en bio une large gamme de légumes, elle a fait construire un bâtiment d’exploitation et de stockage sur son terrain : 300 000 euros d’investissement dont près d’un tiers est financé par la Métropole de Lyon et les fonds européens.
Elle a également investi dans l’achat d’un véhicule électrique pour ses livraisons. Là aussi, le soutien de la collectivité s’est révélé indispensable à la montée en puissance de l’activité.
Circuits courts, proximité et pédagogie
Mais de la graine à l’assiette, encore faut-il vendre. Vente directe, marchés, Amap (distribution entre un agriculteur et un groupe de consommateurs), épiceries, magasins de producteurs : les débouchés de proximité existent. Si Véronique Zuber a choisi de vendre sa production sur le marché du cours Émile-Zola de Villeurbanne une fois par semaine, Emmanuelle et Vincent Perra de la Chèvre’rit de Dardilly, un élevage de chèvres laitières, vendent à plus de 70 % directement depuis leur ferme.
« La majorité de nos clients sont des particuliers, le reste étant vendu à des épiceries ou magasins de producteurs », note Emmanuelle Perra, qui explique « mieux valoriser sa production ainsi ». Le développement des circuits courts figure d’ailleurs comme l’un des axes de la politique portée par la Métropole. Plusieurs dispositifs de soutien à la chaîne de distribution existent.
Nous accompagnons les agriculteurs pour développer une alimentation saine et durable tournée vers les circuits courts.
Jérémy Camus,
vice-président délégué à l’Agriculture, l’alimentation et la résilience du territoire.
De même, l’accompagnement des agriculteurs passe aussi par le choix de la collectivité de pousser une alimentation durable et de proximité au sein des cantines des collèges dont elle a la compétence. C’est le cas par exemple au sein du collège Gilbert Chabroux de Villeurbanne. Ainsi, à horizon 2026, les cantines devront s’approvisionner en totalité en produits bios pour les fruits et légumes.
Un plan plus ambitieux que ce qu’impose la loi. Cet engagement sur la restauration collective répond aussi à un enjeu d’éducation auprès des plus jeunes: « Il y a un gros boulot de sensibilisation des jeunes générations qui ont perdu ce lien avec la nature », alerte Anne-Laure Davy. En témoignent les différentes initiatives menées notamment auprès des collégiens dans les cantines pour sensibiliser au bien-manger, ou le développement de projets en agriculture urbaine qui poussent dans les villes.
Anticiper l’avenir
Sur le plateau de Moyrand-Charézieux dans l’Ouest lyonnais, Anne-Laure Davy s’est installée, aux côtés de trois autres agriculteurs, grâce aux aides de la Métropole liées à la préservation des terres agricoles. « Le renouveau des terrains sur le plateau date de 2017, après avoir été laissés à l’abandon. C’est chouette de voir cette zone revivre et être pérennisée », note-t-elle, ajoutant que « le combat sur la préservation des terres agricoles est loin d’être gagné ».
Cette question de la pérennisation des activités agricoles trouve également un écho au sud de la métropole. Sur ce territoire, la transmission des exploitations fait figure d’épouvantail : en 2020, 63 % des agriculteurs de cette zone avaient plus de 50 ans. D’où l’intérêt d’anticiper la suite. « C’est un sujet de réflexion et de dilemmes », avance Véronique Zuber qui songe à trouver un associé pour former un groupement. Un enjeu majeur de transmission pour les 230 agriculteurs mais aussi pour la Métropole. Quoi de mieux alors que de miser sur les producteurs locaux pour y parvenir.
[RENDEZ-VOUS] MIAM Festival
Du 12 au 27 octobre dans la métropole de Lyon
Deux semaines de festivités autour de l’alimentation. C’est le programme de cette première édition du Miam festival, organisé par la Métropole de Lyon sur tout le territoire. Avec plus de 140animations prévues, le festival mettra à l’honneur l’agriculture et l’alimentation locales. Ateliers, visites, dégustations, expos, projections et conférences sont au programme.
À la cantine, bien manger pour bien étudier
Publié le 11 octobre 2024 par Cédric Perrier
À la cantine du collège Jean-Philippe-Rameau à Champagne-au-Mont-d’Or, on cuisine local et frais, avec pour ambition des produits 100 % bios à la rentrée 2026.
Il est 11h10, le premier service débute. Les élèves se suivent pour récupérer plateaux, couverts, yaourts et fruits issus de la ferme du Pelosset installée en bio à Dardilly. Parce qu’ici les produits sont à 50 % bios et 25 % locaux. La suite se passe dans la grande salle où chaque élève s’installe avant d’aller se servir au buffet des entrées. Pour le plat principal, c’est aussi aux collégiens de se déplacer pour être servis.
« L’approvisionnement des produits bios vient d’un regroupement d’agriculteurs et de céréaliers de Mornant et des monts du Lyonnais. On s’engage sur une viande essentiellement française », détaille Nathalie Catheland, derrière les fourneaux de la cantine scolaire depuis 26 ans.
Avec elle, un autre cuisinier et deux aides. « Ici, 90% des produits sont frais et bruts. On valorise le métier en travaillant les fruits et légumes de saison », se réjouit-elle.
Les élèves participent aux choix des menus
Chaque semaine, on sert un menu bio et un autre sans protéine animale. Tout le monde est concerné par les repas servis aux élèves et aux professeurs. Toutes les cinq semaines, la commission menu se réunit. Autour de la table, des parents, des élèves et l’équipe administrative.
Ensemble, ils établissent un programme. « Le hamburger frites revient évidemment assez souvent mais je me souviens d’une petite qui voulait tout le temps du brocoli. Pour certains enfants c’est le seul repas équilibré de la journée », tient à ajouter Nathalie Catheland.
Pour Lony, quatorze ans, qui mange à la cantine trois jours par semaine, le constat est sans appel : « C’est mieux qu’en primaire et les yaourts sont très bons. » Marilyne, onze ans, est du même avis : « Je viens tous les jours, j’aime bien, parfois moins, mais globalement c’est bon. » Séverine est la maman de Mattéo. Ce jour-là elle est venue « pourvoir comment ça fonctionne ». Elle participe aussi aux commissions menus.
À La Récuperia, anti-gaspi et vivre-ensemble au menu
Publié le 14 octobre 2024 par Pierre Lelièvre
Ouvert en mars dernier dans le quartier des États-Unis, le restaurant solidaire La Récupéria défend une approche anti-gaspi pour ravir les palais des habitants et salariés du quartier.
Rien ne se perd, tout se transforme à La Récuperia. Ouvert en mars dernier, ce tiers-lieu dédié à la restauration anti-gaspi a fait sa place en l’espace de quelques mois dans le quartier Villon, près du boulevard des États-Unis (Lyon 8).
Porté par l’association Récup’ & Gamelles, ce nouvel établissement a fait de l’antigaspi son credo. L’établissement récupère auprès de fournisseurs locaux et bio des caisses de fruits et légumes et du pain. Chaque semaine, l’équipe de bénévoles aux fourneaux, accompagnée du chef, salarié de l’association, propose un menu unique imaginé avec les produits récupérés ou invendus. Aujourd’hui, deux-tiers des produits utilisés en cuisine sont récupérés. Le reste comme les produits d’origine animale (beurre, œuf, …) sont achetés en direct.
Pour aller au bout de l’action anti-gaspi, l’association dispose d’une activité de bocalerie afin de valoriser les invendus alimentaires et les produits frais non utilisés : ketchup de légumes, confitures, pickles…
L’ouverture cette année de La Récupéria suit de 18 mois celle de la Maison engagée et solidaire de l’alimentation (Mesa), dans le quartier Santy. Portée par Récup & Gamelles et l’association Vrac, ce tiers-lieux dédié à l’alimentation durable a permis de « faciliter le lancement de La Récupéria par le bouche à oreille ».
Inviter les habitants
Cette démarche anti-gaspi est complétée par un engagement social et solidaire. « Nous souhaitions ouvrir un lieu accessible à tous dans un quartier populaire pour proposer une autre manière de consommer », explique Manon Martin, coordinatrice projets au sein de l’association.
Surtout la volonté du collectif vise à engager les habitants.
Il n’y a pas d’obligation de consommer. On souhaite que les habitants du quartier se saisissent de l’opportunité de venir découvrir et échanger
Manon Martin,
coordinatrice projets au sein de Récup’ & Gamelles
Pour s’adapter à un public qui n’a pas forcément l’habitude de franchir la porte d’un restaurant, La Récupéria a mis en place une politique de tarification solidaire. Objectif : se rendre accessible aux plus précaires. Trois niveaux de prix pour le menu (15, 9 ou 3 € + adhésion à l’association) en fonctions de ses ressources. Tout se fait sur la confiance, aucun justificatif n’est demandé. Un moyen de lever les freins à l’entrée et d’inciter les plus précaires à pousser les portes.
Ouverts les mercredis, jeudis et vendredis midi, les 25 couverts de La Récuperia ont déjà trouvé leur public. « Mieux vaut réserver, prévient-elle. Mais nous devons arriver à engager les habitants du quartier Villon à faire de ce lieu le leur », relève Manon Martin.
Faire vivre le lieu
Dans des locaux fraîchement rénové et mis à disposition par Grand Lyon Habitat, l’établissement propose aussi une version café en journée pour accueillir les habitants et faire de La Récupéria un lieu de vie partagé.
Mais les porteurs du projet comptent développer l’offre de services dans les semaines à venir. « Nous aimerions diversifier nos activités pour faire connaître le lieu et l’animer. Des soirées débats ou ateliers cuisines sont en train d’être imaginés », complète Manon Martin.
Pour illustrer cette ouverture vers l’extérieur, la salle de restaurant côtoie dans les mêmes locaux un atelier de réparation de vélos, porté par l’association Janus. Et compte multiplier les interactions avec l’espace d’agriculture urbaine du 8e Cèdre, qui jouxte le lieu.
L’avenir des exploitations agricoles se prépare à plusieurs
Publié le 14 octobre 2024 par Cédric Perrier
Une centaine d’agriculteurs, notamment du secteur de Feyzin, Solaize ou encore Vénissieux ont fait le choix de se regrouper pour réfléchir ensemble aux enjeux auxquels leur profession doit faire face.
C’est bien connu : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Au sein du Groupe d’étude et de développement agricole (Geda), les agriculteurs l’ont compris depuis longtemps ; ils échangent et réfléchissent à leurs pratiques sur des sujets pouvant aller de l’irrigation à la valorisation du compost de biodéchets.
Plus d’une soixantaine d’exploitations, regroupant une centaine d’agriculteurs, dont une majorité de céréaliers, installées sur un territoire éclaté de l’Ain jusque dans les monts du Lyonnais en passant par le Nord Isère, font partie du Geda de l’Ozon.
« Ici, on brasse les idées, c’est même notre ADN. Il existe mille et une contraintes sur une exploitation, nous avons donc des réflexions diverses. On essaie toujours d’avoir un temps d’avance et de rendre une exploitation moins dépendante des aléas climatiques », commente le président de cette association, Gilbert Barnachon, lui-même agriculteur en production végétale, à Communay au sud de la métropole. Preuve d’un groupement qui fédère, le Geda s’est réuni pour sa 40e assemblée générale cette année.
Ne pas opposer les agricultures
Les exploitants sont accompagnés par des techniciens de la chambre d’agriculture du Rhône, comme Eric Farré, spécialisé sur les grandes cultures : « On s’occupe de temps d’animation technique, de la formation et aussi de l’information. C’est un groupe qui travaille et qui innove. »
Gilbert Barnachon précise : « Parce que tous les agriculteurs ont leur façon de cultiver, nous veillons à ne pas les opposer. N’oublions jamais que ce sont bien les agriculteurs qui font l’agriculture. » Preuve d’une profession qui ne cesse de s’adapter, Gilbert Barnachon a été un précurseur il y a 25 ans, en cessant de labourer ses terres. Une pratique qui limite l’érosion des sols.
Aujourd’hui, c’est la réduction des émissions de dioxyde de carbone qui occupe une partie de l’actualité des agriculteurs de l’Ozon. « Nous avons sur le territoire treize exploitations labellisées bas-carbone : choix d’engrais consommant moins d’azote, couverture des sols plus longtemps… C’est aussi une commercialisation locale de la production. Stocker, trier, vendre en direct, les céréaliers sont aussi dans cette démarche de valoriser le local », complète Gilbert Barnachon.
D’ailleurs, la Métropole de Lyon a cofinancé des trieurs à grains. « On sent de la part de cette collectivité une volonté de travailler avec l’agriculture », ajoute Eric Farré.
Chiffres clés
- 1/4 des adhérents du Geda sont en bio.
- 1/4 des adhérents ne labourent plus les sols.
Une ferme urbaine va s’installer à Caluire-et-Cuire
Publié le 14 octobre 2024 par Pierre Lelièvre
En 2026, la Ville de Caluire disposera d’une ferme urbaine destinée à fournir en fruits et légumes la nouvelle cuisine centrale de la commune. Un projet, soutenu par la Métropole de Lyon, qui porte aussi une dimension pédagogique.
Sur le plateau de la Terre des Lièvres à Caluire-et-Cuire, la nature travaille presque seule. Ces derniers mois, le couvert végétal, essentiellement du trèfle, planté sur les quelques hectares du site agricole à l’intersection du chemin Petit et de l’avenue du Général-Leclerc a été broyé pour permettre à la terre de se régénérer. Plusieurs étapes d’épierrage sont également prévues pour assainir la terre.
Un processus de renaturation du sol indispensable à la conversion en bio de ces terres autrefois exploitées en agriculture conventionnelle. Une étape qui préfigure l’installation de la ferme urbaine de Caluire. Porté par la Ville et rendu possible par la Métropole de Lyon grâce à un financement de 437 000 euros, ce projet de ferme urbaine s’inscrit dans la volonté de la Métropole d’encourager une alimentation locale et de proximité.
La ferme, conçue sur la technique de l’agroforesterie mêlant cultures maraîchères et arbres fruitiers, permet également de préserver des terres agricoles en zone urbaine, suite à la décision de la Métropole de Lyon de sanctuariser le plateau en 2021.
Attendu pour le premier semestre 2026, ce projet répondra à un enjeu simple : fournir en fruits et légumes biologiques la cuisine centrale de la commune qui alimente les cantines des écoles, mais aussi les centres aérés et les résidences séniors. Au démarrage, c’est l’équivalent de 2 300 repas par jour qui seront fournis par cette ferme urbaine. La municipalité espère atteindre les 4 000 repas quotidiens d’ici dix ans.
Un projet qui prendra pied juste à côté de la future cuisine centrale de Caluire attendue pour le début de l’année 2025 avec l’ambition de valoriser les circuits courts.
Vertu pédagogique
Le site de 6,5 hectares accueillera également une plateforme de compostage de 3 000 mètres carrés afin d’utiliser les déchets organiques, issus des cuisines, en compost directement sur la ferme. Le projet global permet de donner à voir aux habitants et aux plus jeunes le cercle vertueux d’une production agricole locale.
De la culture des produits bruts à la gestion des déchets en passant par leur transformation en cuisine, le site a pour vocation d’expliquer les atouts d’une alimentation saine et de proximité. Le lieu sera ouvert au public au cours de visites pédagogiques sur le thème du champ à l’assiette.
La ferme urbaine de Caluire-et-Cuire en chiffres
- 6,5 hectares de surface totale
- 2 300 repas seront produits par jour
- 3 000 mètres carrés de surface de compostage
Au collège Gilbert-Chabroux, l’exemplarité au menu
Publié le 14 octobre 2024 par Pierre Lelièvre
Au sein du collège Gilbert-Chabroux, la cuisine du chef Rachid Becha s’affiche comme un modèle à suivre en matière de restauration collective faite maison. Une valorisation du bien-manger qui dépasse les seuls murs de la cuisine.
Au moment du service de midi, les demi-pensionnaires du collège Gilbert-Chabroux trépignent. Le chef Rachid Becha et sa brigade (quatre personnes) le savent : ils sont attendus. Pour cette troisième rentrée, l’équipe sert plus de 320 repas par jour. Depuis l’ouverture du collège en 2022, elle concocte chaque midi une cuisine élaborée sur place avec des produits bios et locaux.
La cantine se veut exemplaire. Elle s’affiche parmi les établissements les plus en avance pour proposer une alimentation saine et durable : en 2024, 57 % des produits proposés dans les assiettes proviennent de la région, 91 % sont bios et répondent à 99 % aux critères de la loi Egalim qui prône une alimentation de qualité et durable. « Au moins la moitié des collégiens bénéficient ainsi d’un repas équilibré par jour », salue Céline Guillot, principale de ce collège classé en réseau d’éducation prioritaire.
Cette cantine porte l’ambition de la Métropole de Lyon de proposer, à horizon 2026, 100 % de produits bios et 50 % de produits locaux dans les assiettes des 26 000 demi-pensionnaires de la métropole.
Sensibilisation
Et les collégiens le leur rendent bien. « Les élèves, les équipes pédagogiques et les parents sont ravis du fait maison, du bio et de la qualité des repas », avance Rachid Becha, qui travaillait avant en restaurant semi-gastronomique. Une sensibilisation au bien-manger qui passe aussi par un bar à salade et des légumes à volonté. Un modèle qui fait recette : 99 % des collégiens se disent très satisfaits ou satisfaits, selon une enquête menée en 2023.
Mais l’engagement se veut plus profond : « La brigade et les élèves sont enthousiastes. On transmet, on s’apporte beaucoup lors des ateliers culinaires », souligne le chef. La promotion de bonnes habitudes alimentaires s’ajoute à une éducation autour de la saisonnalité des produits, aux bienfaits sur la santé et le bien-être ou encore à l’anti-gaspi. Autant d’efforts pour sensibiliser cette génération à l’importance et aux effets d’une alimentation saine.
Le miel de Villeurbanne
Après avoir installé des ruches sur le toit de leur collège, les élèves de Gilbert-Chabroux ont réalisé leur première production : une réussite avec 20 kilos récoltés en juin. Le miel a ensuite été proposé à la dégustation dans des plats servis à la cantine. Et ce fut un succès auprès des élèves et du personnel. Par ailleurs, l’établissement a entrepris une démarche de labellisation E3D (Établissement en démarche de développement durable).
Cycloponics exploite une champignonnière en sous-sol
Publié le 14 octobre 2024 par Pierre Lelièvre
Dans le 8e arrondissement, un parking désaffecté accueille un exemple d’agriculture urbaine atypique avec une champignonnière en sous-sol.
Imaginez un sous-sol d’où sort chaque semaine près de 500 kilos de champignons comestibles : pleurotes, shiitakés et champignons de Paris. Bienvenue à la Tanière des gones, installée dans un garage désaffecté de l’avenue Paul-Santy (Lyon8). Cet ancien parking souterrain de 1 600 mètres carrés s’est transformé en une champignonnière urbaine, opérée par Cycloponics, spécialiste de l’agriculture urbaine en souterrain.
De la rue, impossible de deviner ce qui se trame en sous-sol. Il faut emprunter une voie d’accès, cachée au fond d’une allée, franchir un lourd portail pour découvrir l’envers du décor. Sept salles de cultures aménagées où le changement d’atmosphère est frappant : l’odeur d’humus emplit l’air, le taux d’humidité oscille entre 80 et 95 %, la température et l’air sont contrôlés. Des conditions adaptées pour que les ballotins de substrats au mycélium, produits non loin de Lyon, laissent place à des champignons qui grossiront pendant quelques jours avant d’être récoltés, un à un, à la main.
« Notre production locale est vendue à trois grossistes qui approvisionnent épiceries et restaurants de la région. Plus un produit est cultivé à proximité, plus il sera frais », affirme Benjamin Regnier, responsable du site.
Rapprocher les producteurs des habitants
Cette initiative n’est pas unique. Elle va de pair avec les fermes urbaines qu’exploite déjà l’entreprise à Paris et Bordeaux depuis 2022. Une autre ouvrira dans quelques mois au Tonkin à Villeurbanne. Surtout, elle s’inscrit dans un cadre plus large de renouvellement urbain au sein des quartiers Langlet-Santy et Mermoz à travers l’expérimentation Quartiers fertiles.
Porté par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et soutenu par la Métropole et la Ville de Lyon, ce test grandeur nature accompagne plusieurs projets en lien avec l’agriculture urbaine et l’alimentation. « L’agriculture urbaine n’est pas une solution miracle mais un premier pas dans la bonne direction vers une indépendance alimentaire et en faveur de la réhabilitation de lieux abandonnés en ville », souligne Benjamin Regnier.
Toute proche, la Maison engagée et solidaire de l’alimentation (Mesa) crée du lien entre habitants autour d’une alimentation saine à des prix accessibles. D’autres initiatives se côtoient comme la plateforme de lombricompostage Eisenia ou encore l’espace agricole partagé entre habitants, appelé Champ de patates. « Quartiers fertiles est un projet mixte mêlant alimentation et agriculture solidaire dans l’espace public pour sensibiliser à la démocratie alimentaire », note Chloé Soussan, cheffe de projet à la Ville de Lyon. L’occasion de partager le retour de la nature en ville.
En chiffres
- 500 kg de champignons bio produits par semaine
- 1 600 mètres carrés de parking désaffecté
Des terres en friche à fort potentiel agricole
Publié le 14 octobre 2024 par Cédric Perrier
Après avoir identifié de nombreux terrains agricoles en friche, la Métropole de Lyon souhaite un rapprochement entre les propriétaires et les agriculteurs. Une façon de développer la production locale de fruits et légumes.
Dans cette logique portée par la Métropole de Lyon de soutenir la production locale, la collectivité a initié une cartographie des surfaces en friche utilisables pour l’agriculture. Ce travail a été mené en collaboration avec quatre communes du territoire de Lônes et Coteaux : Charly, Irigny, Saint-Genis-Laval et Vernaison.
Plusieurs partenaires agricoles sont également partie prenante : la Chambre d’agriculture du Rhône, la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), l’association Terre de liens et le Syndicat mixte d’hydraulique agricole du Rhône. Ainsi, 139 hectares de friches ont été recensées.
Les 625 propriétaires identifiés ont reçu un courrier leur expliquant que leur terre pourrait être valorisée en accueillant une activité agricole, d’autant plus si elle est située en périmètre de Protection des espaces naturels et agricoles périurbains (Penap).
Des propriétaires prêts à louer leur terrain
L’objectif est de trouver des agriculteurs et des porteurs de projet intéressés pour exploiter les parcelles ou valoriser le terrain et sa biodiversité, par exemple au sein d’un espace naturel sensible. Parmi les premiers retours, certains propriétaires sont plutôt enclins à louer, voire vendre leur parcelle, ce qui est très positif.
Afin de faciliter cette initiative, des rencontres avec les agriculteurs des quatre communes mais aussi des rendez-vous avec les propriétaires seront organisés en fin d’année. En parallèle, un accompagnement et une identification des agriculteurs et porteurs de projet sont menés par les partenaires.
À savoir
Si des propriétaires de terres en friche souhaitent plus de renseignements, contacter Florent Arthur, chargé de mission agriculture à la Métropole de Lyon : farthur@grandlyon.com / 06 13 92 24 90
Au Gaec Le Boule d’or, des légumes à portée de main
Publié le 14 octobre 2024 par Cédric Perrier
Dans cette exploitation maraîchère le long de la Saône, trois jeunes agriculteurs défendent une production bio et locale. Et le succès est au rendez-vous pour le Gaec Le Boule d’or.
La réussite est telle que passé onze heures, les cagettes de légumes sont quasi vides. Tous les samedis matin, le magasin à la ferme du Boule d’or ouvre ses portes à près de 300 familles. Difficile de faire circuit plus court ; des champs aux chambres froides, quelques dizaines de mètres seulement. « L’outil de production est exceptionnel », vante Félix Martin, 32ans, l’un des trois associés de l’exploitation.
Ici, en bord de Saône, sept hectares de terre dont près de cinq hectares sont cultivés pour des légumes de saison. « Nous sommes en production diversifiée avec une cinquantaine de légumes différents. Nous avons quelques fruits comme le melon, la pastèque et les fraises. Près de 95 % de nos ventes se font au magasin de la ferme », précise le maraîcher qui a repris cette exploitation en maraîchage bio en janvier 2021, avec son frère Joseph (28 ans) et Thibault Herreman (34 ans).
À l’écouter, le site a été un coup de cœur : « Un sol argileux, un très bon taux de matière organique, un forage possible dans la nappe phréatique avec la Saône à proximité et bien sûr ce magasin qui nous permet la vente directe à la ferme. »
Irrigation connectée
Exemple d’un succès, plus de 600 kilos de tomates peuvent être vendus en une semaine. Cette année, malgré un mois de juillet pluvieux, la maladie n’a pas trop impacté les légumes, à part les tomates et les pommes de terre. « On a fait beaucoup de désherbage à la main, tout en ayant un suivi plus poussé sur la production. On traite avec du cuivre mais aussi avec des auxiliaires de culture qui sont des insectes prédateurs de ravageurs. On a aussi des filets anti-insectes », commente Félix Martin.
« C’est notre cinquième saison ici, on commence donc à avoir de l’expérience dans la planification. On peut aussi commander à distance, depuis nos téléphones portables, l’irrigation grâce à des électrovannes. C’est un gain de temps non négligeable. »
Depuis leur installation, la Métropole de Lyon soutient l’exploitation. Elle a par exemple aidé à financer le montage de quatre serres ou des travaux de terrassement. « La collectivité nous aide sur nos différentes pratiques comme limiter les bâches plastiques, la protection des sols, la certification bio… », conclut le maraîcher.
La Métropole de Lyon produit ses propres fruits et légumes
Publié le 14 octobre 2024 par Cédric Perrier
C’est une première à l’échelle d’une métropole : la collectivité va cultiver ses propres fruits et légumes bios pour alimenter les cantines des collèges.
Difficile d’imaginer qu’ici, dans quelques mois, pousseront des légumes aussi nombreux que variés : poireaux, tomates, carottes, aubergines, oignons, pommes de terre, etc. D’imaginer également que le bruit des tracteurs de cette future ferme urbaine se mélangera à celui de la circulation. Parce qu’aujourd’hui, les quatre hectares de terre agricole, situés à Chassieu, à proximité des Voies lyonnaises 5 et 11, ressemblent plus à une parcelle abandonnée.
« À terme, ce sont 50 tonnes de légumes qui seront cultivés sur ce site », rapporte Mewan Melguen, responsable d’exploitation agricole pour la Métropole de Lyon. Si être agriculteur pour une collectivité peut être surprenant, cet ingénieur en sûreté nucléaire de formation, n’arrive pas dans un monde inconnu : « Avant de rejoindre la Métropole, j’étais installé comme maraîcher à Saint-Romain-de-Popey (Rhône), avec une surface de trois hectares en bio. »
Près de 20 000 couverts par jour
Avec ce qui poussera sur cette parcelle et en ajoutant une autre surface agricole dans l’Ouest lyonnais, la Métropole souhaite produire près de 100 tonnes de fruits et légumes. Une quantité qui permettra de répondre à 30 % des besoins de produits frais de 36 collèges (sur 82 établissements publics).
« Le projet est ambitieux puisque ce sont 20 000 couverts par jour, durant l’année scolaire, qui sont servis. À l’échelle d’une métropole, c’est une première en France », ajoute Mewan Melguen. En plus de cette agriculture de proximité, la production sera totalement bio.
Qui dit bio ne dit pas sans traitement
En conversion durant trois ans, le label ne pourra donc être affiché qu’à ce moment-là. Et contrairement aux idées reçues, qui dit bio ne dit pas sans traitement. L’agriculteur précise : « On va traiter uniquement avec des produits naturels comme le savon noir ou des huiles essentielles d’orange douce. Si on passe plus souvent qu’un traitement conventionnel, on met beaucoup moins de produit, un peu comme une dose homéopathique ».
À partir de cet automne, les premiers aménagements des terres agricoles débuteront avec des travaux d’irrigation : pompe à eau, système de goutte à goutte, stockage de l’eau. L’année prochaine, les bâtiments existants seront investis. « Nous avons 2 000 mètres carrés d’espace pour les locaux techniques, plus 200 mètres carrés de bureaux. Il faudra aussi compter avec 3 000 mètres carrés de serres », précise Mewan Melguen.
Et pour aller au bout de cette démarche, des panneaux photovoltaïques alimenteront en énergie les chambres froides.
L’Amap le Panier saint-genois fait dans le 100 % local
Publié le 14 octobre 2024 par Cédric Perrier
Du producteur au consommateur sans intermédiaire, c’est ce que permettent les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne). Dans la métropole de Lyon, on en recense une soixantaine. Exemple avec le Panier saint-genois.
Chaque jeudi, de 19h à 20h, les habitués du Panier saint-genois se retrouvent au gymnase, place Charles-de-Gaulle. Non pas pour se dépenser en faisant du sport, mais pour se ravitailler en fruits et légumes locaux. Malgré un territoire à forte tendance agricole, cette Amap est la seule présente sur les communes de l’Ouest Val d’Yzeron et compte 75 adhérents.
« Nous sommes engagés dans une démarche écoresponsable de l’alimentation avec des produits de qualité, en circuit court et proches de notre commune », rapporte Maurice Alsafrana, président du Panier saint-genois, avant de poursuivre : « L’Amap a été mise en place il y a quinze ans. La majorité de nos producteurs sont en bio, les autres tendent à le devenir et nous les accompagnons dans leur conversion. Tous se trouvent entre 20 et 50 kilomètres de Saint-Genis-les-Ollières. »
Chiffres clés
- 60 Amap dans la Métropole de Lyon
- 141 fermes livrent ce réseau, dont 34 situées sur le territoire métropolitain, les autres étant dans le Rhône, la Loire, l’Isère et l’Ain
Un tremplin pour les jeunes paysans
En plus de proposer une large variété de paniers, l’association soutient de jeunes paysans pour démarrer grâce à une avance de trésorerie. Dès que l’exploitation tourne bien, ils peuvent alors quitter le Panier saint-genois pour s’émanciper. C’est un sérieux coup de pouce pour aider à se lancer. Les principes de l’Amap reposent sur une qualité écologique et des prix équitables, alors que les paniers non récupérés sont offerts aux personnes en grande précarité.
« On sensibilise nos adhérents aux difficultés du métier de producteur : gel, pluie, grêle, sécheresse, coût de l’énergie, lors de journées portes ouvertes, comme en septembre de l’année dernière où les producteurs ont présenté leurs exploitations », conclut Maurice Alsafrana.
Le soutien aux Amap
La Métropole de Lyon soutient financièrement les actions du réseau Amap Auvergne-Rhône-Alpes pour la création de nouvelles Amap, comme par exemple pour celle du collège des Battières à Lyon 5. Ou apporter un soutien aux associations existantes. Récemment la collectivité a soutenu l’une d’elles afin qu’elle puisse pérenniser son lieu de livraison.
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