tribune politique

Les Écologistes

La Métropole se libère de la publicité !

Les dizaines de milliers de voyageurs qui empruntent tous les jours la station de métro Bellecour l’ont remarqué : ça y est, l’écran vidéo publicitaire de 6 m² a été retiré début avril ! Au cours des prochaines semaines, les 117 autres écrans situés dans les stations de métro seront également enlevés.

C’est une seconde mesure concrète, après le vote du Règlement local de publicité en juin 2023, qui va permettre de réduire fortement la présence publicitaire dans l’espace public dans les années à venir. Vous en avez peut-être vu les premiers effets : 5 publicités géantes ont déjà été retirées au sommet des immeubles le long du Rhône, et les premiers panneaux de 8 et 12 m² ont également laissé la place à des arbres, de l’art ou simplement des espaces libérés.

La réduction de la pression publicitaire dans la Métropole de Lyon était une promesse des écologistes lors de la campagne de 2020 : on l’a dit, on le fait !

 

Un espace public pour développer notre imaginaire

L’espace public, comme son nom l’indique, est l’affaire de toutes et tous. Il n’a pas vocation à enrichir des grands groupes privés promoteurs de malbouffe, de smartphones fabriqués dans des conditions souvent déplorables, ou de voyages en avion nuisibles pour le climat et notre avenir.

Pour les écologistes, l’espace public a vocation à créer du lien entre les populations, habitant·es ou voyageurs, à développer des imaginaires positifs et non-marchands, à participer au vivre-ensemble par un cadre de vie apaisé. Sur le plan de la publicité, au sens du Code de l’Environnement, nous estimons que l’espace public a surtout vocation à promouvoir les informations des collectivités et institutions, des acteurs associatifs, ainsi que les événements culturels.

 

Réduire la présence de la publicité… Pour quelles raisons ?

Diminuer la place de la publicité dans l’espace public ne paraît pas forcément évident au premier regard, et pourtant, les raisons sont multiples. Nous aimons à rappeler que tout le monde a quelque chose à gagner en réduisant la place de la publicité dans la ville et dans sa vie.

C’est une bonne chose pour nos paysages, notre santé, le climat, la planète. Car en diminuant le nombre et la taille des panneaux, notamment aux entrées des villes, on participe à embellir nos paysages, notre patrimoine, à revenir au beau, à développer d’autres imaginaires. Car en augmentant les heures d’extinction des panneaux et enseignes, on réduit les conséquences de la luminosité sur notre santé, sur les espèces animales, et particulièrement les insectes. Et nous, nous pouvons de nouveau voir les étoiles et mieux nous connecter à la nature.

En interdisant les écrans numériques et en les retirant des stations de métro, au-delà de l’agressivité même de ces dispositifs, nous travaillons aussi sur la luminosité, mais également pour la santé, notamment des enfants, et pour la planète en évitant une consommation d’énergie inutile et l’extraction massive de terres rares. En outre, moins de publicité, c’est bon pour la planète, pour notre survie sur celle-ci. Car c’est moins d’injonction à consommer, partout, tout le temps. Une consommation qui épuise notre seule et unique maison.

Réduire la place de la publicité dans nos villes et nos vies, c’est bon également pour l’économie de proximité. Ce sont nos commerces de proximité qui y gagnent. Car seuls les très grands groupes sont en effet capables de s’acheter ces espaces de communication. C’est donc bon pour la vitalité de nos villes et centre-bourgs, mais aussi pour l’emploi, ces commerces embauchant plus que les grandes enseignes, si on rapporte le nombre d’emplois au chiffre d’affaires.

Enfin, diminuer la place de la publicité permet d’avancer vers plus de solidarité et de tolérance. Car en diminuant la place de la publicité, on réduit la propagation d’idéologies néfastes comme le sexisme, le culte de l’apparence, le “tout, tout de suite”, la compétition, le matérialisme, le conformisme, la maigreur ou encore le jeunisme. On réduit ces manipulations qui jouent sur nos pulsions, nos souffrances et nos frustrations pour nous vendre cette recette trompeuse que serait le bonheur par la seule consommation.

 

Beaucoup moins de publicités dans nos rues

En juin 2023, avec le Vice-Président Philippe Guelpa Bonaro, chargé notamment de la “réduction de la publicité”, le Conseil de la Métropole a voté un ambitieux Règlement local de publicité intercommunal.

D’ici 2026, trois-quarts des panneaux publicitaires devront être retirés de l’espace public. Un vrai soulagement pour nos yeux et notre cerveau ! Imaginez : voici quelques-unes des mesures prises lors de ce vote, en cours de mise en place dans vos communes :

– L’interdiction de la publicité numérique extérieure et l’encadrement strict des écrans numériques en vitrine
– La réduction de la taille des panneaux à 4 m² maximum, au lieu de 12 m² actuellement
– L’interdiction des publicités lumineuses en toiture, que ce soit le long du Rhône mais aussi en périphérie
– L’extinction des panneaux publicitaires dès 23h, au lieu d’1h du matin actuellement
– L’extinction des enseignes à 23h dans les zones les plus animées en soirée, et à 19h ou à l’arrêt de l’activité, sur les autres territoires
– Un travail sur l’intégration paysagère et la qualité des enseignes
– L’interdiction des publicités sur les bâches de chantier (hors bâches sur Monuments Historiques gérés par l’État)
– L’interdiction de la publicité “privée” autour de plus de 95% des établissements scolaires
– Un équilibre prononcé entre les territoires, pour éviter ces trop grandes distinctions centres / périphéries

C’est un changement d’échelle, un changement de paradigme.

 

Réduction de la publicité dans les stations de métro et trams, et sur les bus

En tant qu’acteur public majeur, Sytral Mobilités a également fait le choix de participer à améliorer le cadre de vie des voyageurs, à réduire son empreinte carbone et contribuer à son échelle à la sobriété énergétique.

En février, un nouveau contrat a été voté pour les 7 ans à venir : concrètement, c’est la suppression des 118 écrans numériques (une première mondiale), c’est 25 % de panneaux en moins sur l’ensemble du réseau, c’est une empreinte carbone réduite de 49 %…

Pour celles et ceux qui ont voyagé sur les deux nouvelles stations de métro d’Oullins Centre et St-Genis-Laval Hôpitaux sud, vous aurez noté l’absence totale de publicité dans ces stations. Cela permet même de laisser place à l’art, comme la très belle exposition des photographies signées Marc Riboud, local de l’étape. Deux stations de métros seront bientôt rénovées (République et Foch) : aucune publicité n’y sera apposée, tout comme sur certaines stations des trams en cours de réalisation.

 

Un changement de paradigme… sans conséquence financière !

Malgré les fables sur le sujet, la publicité n’est pas indispensable à la bonne tenue financière des collectivités. Les pertes de revenus liées au RLP ne seront que très faibles. Le gain en cadre de vie rattrapant largement ces ajustements. C’est un choix politique assumé. Côté Sytral Mobilités, il n’y a même aucune perte financière : le syndicat de transports en commun ne perdra pas un centime par rapport au contrat précédent tout en réduisant fortement la place de la publicité dans les stations de métros et tramways, et sur les bus.

Nous démontrons par ces décisions qu’il est possible de sortir de cette société envahie par les injonctions publicitaires : c’est l’affaire de choix politiques. Ainsi, tout au long de vos pérégrinations dans les communes de la Métropole, à la publicité commerciale nous préférons vous offrir de l’art, de la végétation, une ouverture au monde… Un nouvel imaginaire !

Les Écologistes ( Vinciane Brunel et Benjamin Badouard - Co-Président·e·s du groupe Les Écologistes)