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Bruno Bernard répond aux questions des lectrices et lecteurs

Ma ville au quotidien

Publié le 12 janvier 2024 par La rédaction du MET'

Pour le premier numéro du MeT’ de 2024, la rédaction a organisé un temps de rencontre et d'échange entre Bruno Bernard et quatre habitantes et habitants de la métropole. Logement, mobilité, accessibilité des transports en commun, pouvoir d’achat... Pendant plus d’une heure, ces lecteurs ont interrogé le président de la Métropole. L’interpellant parfois sur leurs difficultés quotidiennes et lui soufflant même quelques idées.

Karine Robert  : J’ai des salariés en CDI qui ont un mal fou à se loger. Il n’y a pas assez de logements dans la métropole. Vous l’expliquez comment ?

Bruno Bernard : Le constat est indiscutable : nous manquons de logements dans la métropole de Lyon comme dans toutes les grandes métropoles françaises. Le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter et la construction de logements ne suit pas. Certaines entreprises réfléchissent même à leur propre production de logements pour pouvoir loger leurs salariés. Dans le parc privé, ce sont les meilleurs dossiers qui sont acceptés, ce n’est pas égalitaire. Nous essayons donc de construire, par exemple à la Part-Dieu, où 2 200 logements neufs sont prévus au cœur du quartier.
À la Saulaie à Oullins, 850 nouveaux logements vont être construits. À terme, le quartier pourra accueillir 2 000 habitants supplémentaires. Nous travaillons aussi sur l’existant, en luttant contre les meublés de tourisme et les logements vacants. On encourage également la surélévation des immeubles ou encore la cohabitation solidaire…. Bref, nous essayons d’utiliser tous les leviers, mais malgré tout ce n’est pas suffisant.

Messaouda Khelaf : J’ai déposé un dossier pour un logement social il y a deux ans maintenant. Je n’ai toujours pas de proposition. Comment c’est possible ? Vers qui me tourner ?

B.B. Ce que je peux vous dire, c’est que la part de logements sociaux et abordables dans les projets urbains augmente dans la métropole. Par exemple, à la Part-Dieu on est passé à 40 % au lieu de 25 % prévus initialement. Mais la réalité, c’est que nous avons neuf demandes pour un seul dossier accepté. Les bailleurs sociaux ont des difficultés de fonds propres, la Métropole les soutient financièrement.

Grâce à une enveloppe de 10 millions d’euros débloquée l’automne dernier, 3 000 logements pourront sortir de terre – dont 600 à 700 logements sociaux supplémentaires. Aujourd’hui, les critères d’obtention d’un logement social ont évolué, notamment avec la mise en place d’un guichet unique pour enregistrer et traiter les demandes. Nous travaillons encore à donner plus de transparence et de compréhension à tout ça.

On utilise tous les leviers possibles pour améliorer le quotidien des Grandes Lyonnaises et des Grands Lyonnais.

Antonny Ferreira :  Est-il possible de proposer un recensement des logements adaptés pour les personnes en situation de handicap ?

B.B. Pour moi l’objectif n’est pas de recenser le nombre de logements adaptés mais de faire en sorte qu’il y en ait plus. C’est plutôt le cas dans les constructions neuves. En revanche, la vraie question est de voir comment on transforme les logements anciens. Là encore la Métropole subventionne les bailleurs sociaux pour aider à adapter les logements au vieillissement et aux handicaps.

Pour aller plus loin : Que fait la Métropole pour l’habitat et le logement

Gauvain Palluy : Il y a beaucoup de stations Vélo’v à Lyon et Villeurbanne. Est-ce que vous pensez en rajouter ailleurs ?

B.B. Tout d’abord, je tiens à préciser qu’au début de l’année 2025, près de la moitié de la flotte Vélo’v passera en électrique, ce qui permettra de circuler plus facilement sur un territoire qui comporte pas mal de relief. Ce sera un vrai plus en termes de services et de qualité avec un abonnement premium à 99 euros par an. On prévoit également de rajouter 20 à 30 nouvelles stations d’ici 2026 et pas seulement à Lyon et Villeurbanne.

Le budget social de la Métropole, c’est un tiers du budget global. Nous l’avons augmenté de 180 millions d’euros depuis le début du mandat.

K.R. : Les entreprises ont du mal à stocker leurs marchandises en centre-ville : il n’y a plus d’espace disponible pour ça. À Marseille nous avons les hubs*. Est-ce envisageable à Lyon ?

B.B. La solution serait de partager le foncier disponible pour développer des hubs. Par ailleurs nous avons un service urbain de logistique qui fait le lien entre le port Édouard-Herriot, où les marchandises arrivent par bateaux, et le centre de Lyon, au niveau du pont Morand. L’objectif est de livrer le centre-ville à vélo avec les denrées qui arrivent d’habitude en camions.

A.F : Pourrait-on développer Optibus, le service de transport pour les personnes en fauteuil ?

B.B. Optibus n’est sans doute pas parfait, mais c’est un service qui fonctionne bien. Plutôt que de développer un service qui coûte cher à la collectivité, il faut faire en sorte que les places réservées dans les transports en commun soient respectées et sensibiliser le public à ce sujet.

J’étais en déplacement à Bruxelles récemment et j’ai constaté qu’il y avait deux marches pour accéder au tramway ! Chez nous, le métro, les tramways et les grandes lignes de bus sont accessibles aux personnes handicapées. Cependant, cette question du handicap demeure essentielle et je pense que nous devons encore nous améliorer.

Pour aller plus loin : Que fait la Métropole de Lyon pour les personnes handicapées ?

A.F.  : Le pictogramme avec un fauteuil roulant est très réducteur, beaucoup de handicaps sont invisibles. Par ailleurs, pourquoi ne pas tester la gratuité des transports en commun ?

B.B. Ne pas réduire le pictogramme handicap au fauteuil me paraît en effet nécessaire. Quant à la gratuité des transports en commun, nous l’appliquons déjà pour un grand nombre
de personnes : les plus précaires et les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé. Cependant, nous ne pourrons pas l’appliquer à l’ensemble de la population car cela nous coûterait 300 millions d’euros de plus par an, empêchant par là même le développement du réseau de transports en commun.

Nous avons également fait un effort pour les jeunes : en trois ans, l’abonnement mensuel est passé de 32,50 € à 25 €. Et il est de 10 euros pour les étudiants boursiers. Je tiens à rappeler qu’au total, près de 70 000 personnes bénéficient de la gratuité des transports en commun lyonnais.

M.K. :  Cela représente un manque à gagner de combien pour la Métropole ?

B.B. C’est environ 30 millions d’euros en moins par an, c’est important mais il nous reste 270 millions d’euros de recettes. Avec une tarification solidaire à 10 euros pour 80 000 abonnements, c’est une politique d’efficacité car nous avons besoin de recettes pour continuer de développer le réseau.

Les déplacements à vélo et en transports en commun augmentent, pendant que le trafic automobile diminue. Moins 13,5 % entre 2019 et 2022.**

K.R. :  Bus, vélos, voitures, piétons : le partage de la rue, c’est pas encore gagné. Est-ce que des formations sont prévues, par exemple pour les chauffeurs de bus ?

B.B. Nous avons encore des difficultés sur le partage de la rue, mais je trouve qu’il y a des améliorations. Nous faisons des campagnes de sensibilisation et aussi de répression. Les chauffeurs de bus ont été formés aux dangers des vélos et des rencontres avec des cyclistes sont organisées. Le pont Lafayette, sur lequel nous avons élargi les trottoirs, est un bon exemple du partage de la voirie.
Entre 2019 et 2022, le trafic automobile a diminué de 13,5 %. Les données sur les bouchons sont stables. En revanche, la pratique du vélo explose, la fréquentation des transports en commun est repartie à la hausse et la marche à pied se porte bien. Nos alternatives à la voiture séduisent.

M.K. :  Les prix, l’énergie… Tout augmente ! L’écart se creuse et de plus en plus de foyers sont en difficulté financière. Quelles réponses peut apporter la Métropole ?

B.B. Vous avez raison. Et c’est un sujet que nous prenons à bras le corps. Par exemple, la part du logement prend parfois 50 % du revenu, ou plus encore. Encadrement des loyers, actions de sobriété énergétique, cofinancement des travaux d’isolation des bâtiments des bailleurs sociaux et des copropriétés, la Métropole met en place de multiples mesures pour faire baisser les factures.

La Métropole dispose également d’un Fonds de solidarité logement pour aider au paiement des loyers et des factures. Ce fonds a été augmenté de 13 % cette année. Plus de 5 000 personnes ont ainsi pu être accompagnées. Je pense aussi aux aides alimentaires ou encore au RSJ (Revenu de solidarité jeunes) pour les 18 à 24 ans qui n’ont pas droit au RSA (Revenu de solidarité active). Près de 2 000 d’entre eux bénéficient du RSJ qui peut aller jusqu’à 420 euros par mois.

G.P :  Je reviens sur les mobilités. J’ai entendu dire que le chantier des Voies Lyonnaises connaissait des difficultés. Est-ce que le projet va être revu à la baisse ?

B.B.  Nous aurons un peu de retard par rapport à nos objectifs fixés pour 2026, notamment en raison de contraintes techniques très précises, mais ça avance bien quand même. Nous espérions livrer 250 km de Voies Lyonnaises en 2026, nous en aurons finalement 200. Mais l’objectif des Voies Lyonnaises reste d’avoir un réseau cyclable continu et sécurisé couvrant tout le territoire.

K.R. :  Et vous, est-ce que vous faites du vélo ?

B.B.  Je préfère les transports en commun et la marche à pied. Je fais du vélo quand je suis vraiment trop en retard. En marchant, je réfléchis beaucoup mieux. Et comme je gère aussi le réseau des transports en commun, ça me permet de voir ce qui fonctionne bien et ce qui fonctionne moins bien, notamment en discutant avec les conducteurs et les conductrices. Et pour les échanges, c’est beaucoup plus constructif.

* Plateforme logistique.

** Source Criter (capteurs de mesure du trafic dans la métropole).

Qui sont les habitantes et habitants de la Métropole qui ont interrogé Bruno Bernard ?

Gauvain Palluy, 20 ans
Cet étudiant à l’INSA à Villeurbanne a grandi à Bron et se déplace à vélo. Il a interrogé le président de la Métropole sur le chantier des Voies Lyonnaises, le déploiement des stations Vélo’v et les Vélo’v électriques.

Karine Robert, 44 ans
Cette cheffe d’entreprise lyonnaise dirige une société qui propose de la livraison de courses à vélo. Elle a donc posé des questions sur les aménagements cyclables, les solutions de livraison, mais aussi sur la difficulté pour des salariés en CDI à se loger dans la métropole de Lyon.

Antonny Ferreira, 36 ans
Cet habitant de Meyzieu, fonctionnaire, a souhaité interpeller Bruno Bernard sur la sécurité et l’accessibilité des transports en commun aux personnes handicapées, mais aussi l’aménagement des logements et de la voirie, avec même une proposition d’un nouveau picto pour les personnes en situation de handicap.

Messaouda Khelaf, 62 ans
Cette Villeurbannaise est fonctionnaire territoriale depuis quarante ans. Elle a grandi à Vaulx-en-Velin où elle travaille encore. Elle a posé des questions sur le logement, notamment les délais d’attente pour un logement social. Elle a également évoqué la hausse du coût de la vie.

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