24 décembre 2024
115 collégiens en visite à la Maison d’Izieu
Publié le 19 janvier 2023 par Théo Chapuis
Dans le cadre du voyage mémoire, la Métropole de Lyon a permis à plus d'une centaine de jeunes des collèges du territoire de visiter la Maison d'Izieu. Une journée placée sous le signe de l'histoire et de la pédagogie.
La maison se dresse là, sur le flanc de colline où est niché le village d’Izieu. En surplomb du lit du Rhône, elle fait face aux cimes du massif de la Chartreuse et, au loin, du Vercors. Un paysage simplement remarquable, à tout juste 80 km de Lyon. C’est ici que le 6 avril 1944, 44 enfants juifs et sept accompagnants ont été raflés par les autorités nazies, au petit matin, avant d’être convoyés vers les camps de la mort. De ces 51 personnes, une seule est revenue. Pas un enfant n’a survécu.
Aujourd’hui la Maison d’Izieu, dans l’Ain, est devenu un lieu de mémoire incarnant une trace concrète de l’événement. C’est aussi un musée, témoignant du génocide des juifs et d’autres peuples désignés comme « inférieurs » par les nazis, lors de la Seconde guerre mondiale.
8 collèges et le Comet’ jeunes
Mercredi 11 janvier, les visiteurs de la Maison d’Izieu sont des adolescents scolarisés à Vaulx-en-Velin, Lyon, Oullins et Villeurbanne. Une centaine d’élèves de 3e, ainsi que des jeunes du Conseil métropolitain des jeunes élus (Comet’ jeunes) embarquent dans trois cars affrétés par la Métropole de Lyon à la gare routière de Lyon-Part-Dieu. Ils sont issus des établissements suivants :
- Brossolette (Oullins)
- Césaire (Vaulx-en-Velin)
- Chevreul (Lyon 2e)
- Clémenceau (Lyon 7e)
- Gratte-Ciel (Villeurbanne)
- Grignard (Lyon 8e)
- Longchambon (Lyon 8e)
- Saint-Denis (Lyon 4e)
Quel intérêt pédagogique d’une telle visite ?
« La période de la Seconde guerre mondiale est au programme d’histoire en classe de 3e, explique Frédéric Hyvert, enseignant à Chevreul, lors du trajet qui conduit à Izieu. Dans un tel endroit, les collégiens acquièrent des compétences pour construire un argumentaire, et se font les passeurs d’une telle mémoire. » Plus près de leurs établissements, les collégiens découvrent aussi le Centre d’histoire de la résistance et de la déportation (CHRD) ou le Mémorial national de la prison de Montluc.
Un mémorial pas comme les autres
Une fois sur place, les jeunes visiteurs commencent par l’exposition permanente du musée : 530 m² de photos, frises, plans et extraits de discours. De nombreux clichés témoignent de l’histoire particulière de la colonie d’Izieu, fondée par les époux Sabine et Miron Zlatin, qui ont œuvré au sauvetage de centaines d’enfants juifs.
Les images captent l’attention des jeunes visiteurs : sourires d’enfants et tranches de vie simple tranchent avec le sort tragique des résidents. « La Maison d’Izieu est un lieu de martyr, mais c’est aussi un lieu de vie, un lieu où les enfants vivaient heureux. C’est ce qui en fait un mémorial pas comme les autres », abonde Dominique Vidaud, directeur du lieu.
Il est important de réaliser qu’Izieu est un lieu mémoriel en avance, notamment du point de vue politique : c’est l’un des premiers à mettre en avant la responsabilité directe des autorités françaises.
Axelle Bourgougnon,
médiatrice
Dans la salle suivante, on effleure l’aspect judiciaire grâce à la traque et au jugement de Klaus Barbie, responsable de la déportation des enfants d’Izieu et premier coupable de crimes contre l’humanité en France. Parmi les collégiens, l’atmosphère se fige devant un extrait vidéo du témoignage de Sabine Zlatin, au procès. Certains en sortent marqués. « En rentrant ce soir, je raconterai à mes parents que j’ai appris l’histoire d’une femme qui a sauvé des centaines d’enfants au péril de sa vie pendant la guerre », confie Hamza, 14 ans.
Dans la Maison
Après celle du musée, la visite de la Maison d’Izieu à proprement parler peut commencer. En visitant ces espaces restaurés qui ont hébergé les enfants d’Izieu, les adolescents se mettent au diapason de l’ambiance solennelle du lieu. D’abord le réfectoire, lieu précis où les enfants prenaient leur petit-déjeuner lorsqu’ils ont été surpris par la rafle. « Les bols de chocolat fumaient encore », précise la médiatrice.
À cet âge, on peut avoir une vision lointaine des choses. Lors d’une visite sur place, les événements sont plus palpables : les élèves sont littéralement dans une source historique. La transmission peut s’opérer.
Marion Chaigne-Legouy,
enseignante d’histoire et géographie au collège Clémenceau
Les collégiens écarquillent les yeux face aux nombreux textes, lettres, dessins des enfants d’Izieu affichés aux murs et incrustés dans les meubles. « Visiter cette maison, c’est comme si on était dans leur vie », ajoute Hamza. « Être entouré par les dessins joyeux de ces enfants morts, c’est assez pesant », admet quant à lui son camarade de classe Casimir.
Sur les traces des enfants d’Izieu
La journée s’achève par une après-midi consacrée à retracer en cartes et en documents le parcours européen de certains des enfants, avant et après un passage à la colonie d’Izieu entre 1943 et 1944. De quoi toucher du doigt la manière dont on établit une vérité historique, par l’initiation à la démarche scientifique ; une tâche rigoureuse qui ne laisse aucune place à la subjectivité. « Un historien, c’est un enquêteur ! », martèle leur professeure.
Sur le trajet du retour, certains pensent déjà à l’exposé ou au compte rendu qu’ils vont devoir présenter en classe. Une façon de prolonger cette journée, mais aussi de la partager avec leurs camarades, leur famille, leurs amis. À leur descente du car, de retour à la gare Part-Dieu en fin de journée, ces élèves de 3e sont devenus, à leur tour, des passeurs de mémoire.
Il est très important de se mobiliser pour connaître son histoire. On grandit bien quand on connaît ses racines. Nous comptons sur vous pour passer cette mémoire : ne la gardez surtout pas pour vous !
Véronique Moreira
vice-présidente de la Métropole de Lyon au Devoir de mémoire, à l’Éducation et aux Collèges.
https://www.youtube.com/watch?v=C25bs8fq-Ys
services associés
Tous les champs sont obligatoires.
Votre email ne sera pas visible à la publication du commentaire.
En publiant ce message, vous vous engagez à avoir pris connaissance et à respecter les conditions d'utilisation et d'expression sur ce site. Celles-ci proscrivent notamment la divulgation des numéros de suivi Toodego qui sont personnels et confidentiels, les messages à caractère injurieux, offensants ou diffamants, ainsi que l'incitation à la haine raciale, à la pédophilie, aux crimes ou délits.
Conformément à la Loi ≪ Informatique et Libertés ≫ modifiée, la collecte et le traitement de vos données à caractère personnel sont nécessaires pour répondre à votre sollicitation. La base légale du traitement est votre consentement que vous donnez en cochant la case "En soumettant ce formulaire, j’accepte que les informations saisies dans ce formulaire soient enregistrées par le site MET' pour permettre de me recontacter.". Les données traitées sont : nom, adresse e-mail. Les destinataires de ces données personnelles, sont, dans le strict cadre des finalités énoncées ci-dessus, les services concernés de la Métropole et les prestataires externes auxquels elle fait appel. Ces données seront conservées durant 2 ans. Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et d’effacement de vos données personnelles. Lorsqu'un consentement est nécessaire au traitement, vous disposez du droit de le retirer. Sous certaines conditions réglementaires, vous disposez du droit de demander la limitation du traitement ou de vous y opposer. Vous pouvez exercer ces différents droits en contactant directement le Délégué à la Protection des Données par courrier en écrivant à l’adresse : Métropole de Lyon – Délégué à la Protection des Données - Direction des Affaires Juridiques et de la Commande Publique - 20, rue du Lac - BP 33569 - 69505 Lyon Cedex 03 ou par le biais du formulaire à l'adresse suivante : https://demarches.toodego.com/sve/proteger-mes-donnees-personnelles/. Les réclamations touchant à la collecte ou au traitement de vos données à caractère personnel pourront être adressées au service du Délégué à la Protection des Données (DPD), dont les coordonnées ont été précisées ci-dessus. En cas de désaccord persistant concernant vos données, vous avez le droit de saisir la CNIL [autorité de contrôle concernée] à l’adresse suivante : Commission Nationale Informatique et Libertés, 3 place de Fontenoy 75007 Paris, 01 53 73 22 22, https://www.cnil.fr/fr/vous-souhaitez-contacter-la-cnil