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115 collégiens en visite à la Maison d’Izieu

Ma ville au quotidien

Publié le 19 janvier 2023 par Théo Chapuis

Dans le cadre du voyage mémoire, la Métropole de Lyon a permis à plus d'une centaine de jeunes des collèges du territoire de visiter la Maison d'Izieu. Une journée placée sous le signe de l'histoire et de la pédagogie.

La maison se dresse là, sur le flanc de colline où est niché le village d’Izieu. En surplomb du lit du Rhône, elle fait face aux cimes du massif de la Chartreuse et, au loin, du Vercors. Un paysage simplement remarquable, à tout juste 80 km de Lyon. C’est ici que le 6 avril 1944, 44 enfants juifs et sept accompagnants ont été raflés par les autorités nazies, au petit matin, avant d’être convoyés vers les camps de la mort. De ces 51 personnes, une seule est revenue. Pas un enfant n’a survécu.

Aujourd’hui la Maison d’Izieu, dans l’Ain, est devenu un lieu de mémoire incarnant une trace concrète de l’événement. C’est aussi un musée, témoignant du génocide des juifs et d’autres peuples désignés comme « inférieurs » par les nazis, lors de la Seconde guerre mondiale.

8 collèges et le Comet’ jeunes

Mercredi 11 janvier, les visiteurs de la Maison d’Izieu sont des adolescents scolarisés à Vaulx-en-Velin, Lyon, Oullins et Villeurbanne. Une centaine d’élèves de 3e, ainsi que des jeunes du Conseil métropolitain des jeunes élus (Comet’ jeunes) embarquent dans trois cars affrétés par la Métropole de Lyon à la gare routière de Lyon-Part-Dieu. Ils sont issus des établissements suivants :

Quel intérêt pédagogique d’une telle visite ?

« La période de la Seconde guerre mondiale est au programme d’histoire en classe de 3e, explique Frédéric Hyvert, enseignant à Chevreul, lors du trajet qui conduit à Izieu. Dans un tel endroit, les collégiens acquièrent des compétences pour construire un argumentaire, et se font les passeurs d’une telle mémoire. » Plus près de leurs établissements, les collégiens découvrent aussi le Centre d’histoire de la résistance et de la déportation (CHRD) ou le Mémorial national de la prison de Montluc.

Un mémorial pas comme les autres

Une fois sur place, les jeunes visiteurs commencent par l’exposition permanente du musée : 530 m² de photos, frises, plans et extraits de discours. De nombreux clichés témoignent de l’histoire particulière de la colonie d’Izieu, fondée par les époux Sabine et Miron Zlatin, qui ont œuvré au sauvetage de centaines d’enfants juifs.

Les images captent l’attention des jeunes visiteurs : sourires d’enfants et tranches de vie simple tranchent avec le sort tragique des résidents. « La Maison d’Izieu est un lieu de martyr, mais c’est aussi un lieu de vie, un lieu où les enfants vivaient heureux. C’est ce qui en fait un mémorial pas comme les autres », abonde Dominique Vidaud, directeur du lieu.

 

Il est important de réaliser qu’Izieu est un lieu mémoriel en avance, notamment du point de vue politique : c’est l’un des premiers à mettre en avant la responsabilité directe des autorités françaises.

Axelle Bourgougnon,
médiatrice

Dans la salle suivante, on effleure l’aspect judiciaire grâce à la traque et au jugement de Klaus Barbie, responsable de la déportation des enfants d’Izieu et premier coupable de crimes contre l’humanité en France. Parmi les collégiens, l’atmosphère se fige devant un extrait vidéo du témoignage de Sabine Zlatin, au procès. Certains en sortent marqués. « En rentrant ce soir, je raconterai à mes parents que j’ai appris l’histoire d’une femme qui a sauvé des centaines d’enfants au péril de sa vie pendant la guerre », confie Hamza, 14 ans.

Dans la Maison

Après celle du musée, la visite de la Maison d’Izieu à proprement parler peut commencer. En visitant ces espaces restaurés qui ont hébergé les enfants d’Izieu, les adolescents se mettent au diapason de l’ambiance solennelle du lieu. D’abord le réfectoire, lieu précis où les enfants prenaient leur petit-déjeuner lorsqu’ils ont été surpris par la rafle. « Les bols de chocolat fumaient encore », précise la médiatrice.

 

À cet âge, on peut avoir une vision lointaine des choses. Lors d’une visite sur place, les événements sont plus palpables : les élèves sont littéralement dans une source historique. La transmission peut s’opérer.

Marion Chaigne-Legouy,
enseignante d’histoire et géographie au collège Clémenceau

 

Les collégiens écarquillent les yeux face aux nombreux textes, lettres, dessins des enfants d’Izieu affichés aux murs et incrustés dans les meubles. « Visiter cette maison, c’est comme si on était dans leur vie », ajoute Hamza. « Être entouré par les dessins joyeux de ces enfants morts, c’est assez pesant », admet quant à lui son camarade de classe Casimir.

Sur les traces des enfants d’Izieu

La journée s’achève par une après-midi consacrée à retracer en cartes et en documents le parcours européen de certains des enfants, avant et après un passage à la colonie d’Izieu entre 1943 et 1944. De quoi toucher du doigt la manière dont on établit une vérité historique, par l’initiation à la démarche scientifique ; une tâche rigoureuse qui ne laisse aucune place à la subjectivité. « Un historien, c’est un enquêteur ! », martèle leur professeure.

Sur le trajet du retour, certains pensent déjà à l’exposé ou au compte rendu qu’ils vont devoir présenter en classe. Une façon de prolonger cette journée, mais aussi de la partager avec leurs camarades, leur famille, leurs amis. À leur descente du car, de retour à la gare Part-Dieu en fin de journée, ces élèves de 3e sont devenus, à leur tour, des passeurs de mémoire.

Il est très important de se mobiliser pour connaître son histoire. On grandit bien quand on connaît ses racines. Nous comptons sur vous pour passer cette mémoire : ne la gardez surtout pas pour vous !

Véronique Moreira
vice-présidente de la Métropole de Lyon au Devoir de mémoire, à l’Éducation et aux Collèges.

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