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Déstigmatiser les addictions grâce à la formation

Ma ville au quotidien

Publié le 4 juin 2024 par Amandine Le Blanc

Dans le cadre du dispositif AMéLyon, une formation est proposée pour les professionnels qui travaillent dans les PMI et services et établissements de l’ASE. Elle doit leur permettre de se familiariser avec la question des addictions pour pouvoir l’aborder avec les personnes qu’ils accompagnent. Elle met aussi à mal quelques représentations. Reportage.

Le premier objectif du dispositif AMéLyon (Addictologie Métropole de Lyon) est de faciliter le repérage des consommations à risque chez les personnes accueillies et accompagnées en PMI (protection maternelle infantile) et dans les services et établissements de l’ASE (aide sociale à l’enfance). Et cela passe par la formation de ceux qui y travaillent.

Depuis 2022, une formation sur deux jours, assurée par le service universitaire d’addictologie de Lyon (SUAL), est donc proposée. Car pour repérer les addictions encore faut-il y avoir été sensibilisé et savoir comment l’aborder.

« Il faut être à l’aise avec cette question. Comment parle-t-on de l’addiction à une famille, aux jeunes ? », explique le Dr Véronique Fonteille, médecin addictologue, cheffe de service adjointe au SUAL du GHE (groupe hospitalier est) et qui porte le projet AMéLyon pour les HCL.

Ancrer dans les habitudes

Pour cette première session de 2024, face au Dr Fonteille, on retrouve des auxiliaires de puériculture, des infirmières puéricultrices, des cadres de santé, des psychologues, des médecins, des sages-femmes, des conseillères conjugales et familiales, des cadres de l’ASE ou des travailleuses sociales …

Avant de commencer, chacune doit remplir un questionnaire vrai/faux autour des conduites addictives et un autre plus spécifique sur la marche à suivre pour la prise en charge d’une femme enceinte consommatrice de tabac, de cannabis, d’alcool, de cocaïne ou sous traitement de substitution. Ce n’est pas une évaluation, l’idée est de savoir d’où part chaque professionnelle. Elles rempliront à nouveau le même questionnaire à la fin de formation.

Le Dr Véronique Fonteille assure la formation des professionnels qui travaillent dans les PMI et services et établissements de l’ASE.

La première journée se concentre sur des connaissances théoriques autour des addictions et de la réduction des risques. L’idée est aussi d’acculturer ces professionnelles à l’addictologie, pour déstigmatiser et traiter la question des addictions comme n’importe quelle pathologie. Il faudrait pouvoir aborder la question de manière systématique, comme on le fait aujourd’hui par exemple sur celle des violences.

« On devrait pouvoir orienter un patient en addictologie aussi facilement qu’on le fait en cardiologie par exemple, insiste le Dr Fonteille lors de la formation.

Nous sommes là pour aider, pas pour juger, nous sommes tous dans le soin et la prévention. Si nous avons besoin de savoir si quelqu’un consomme, c’est simplement pour bien prendre en charge et adapter

Dr Véronique Fonteille,
médecin addictologue, cheffe de service adjointe au SUAL

 

Se défaire de ses représentations

Diffuser une culture de l’addictologie, mais aussi battre en brèche les idées reçues qui peuvent exister, c’est le but de cette formation. Car sur les addictions, peut-être davantage que sur d’autres sujets, les professionnels sont soumis à leurs propres représentations. « Il faut prendre la personne où elle en est et mettre en place ce qu’elle peut faire et pas ce qu’on voudrait qu’elle fasse », souligne le Dr Fonteille.

Cela passe notamment par la familiarisation avec ce qu’on appelle la réduction des risques.

« Pour ces patients, leurs consommations sont comme des béquilles. Si on leur enlève d’un seul coup sans travailler, ils vont se casser la gueule ou en prendre une autre », explique le Dr Fonteille. « Cela peut être dur à accepter, mais la bonne prise en charge parfois, ça va juste être de donner des seringues pour s’injecter ».

« Pour nous, il faut accepter de ne pas vouloir sauver à tout prix. C’est déjà une étape difficile », confirme une professionnelle de l’ASE qui participe à la formation.

L’appui d’une patiente experte

Le deuxième jour de formation est davantage pratique avec des mises en situation. Les professionnelles présentes rapportent des cas concrets qu’elles ont pu rencontrer.

Elles peuvent aussi questionner une patiente experte, personne ayant eu un vécu dans la pathologie, maintenant rétablie et formée qui aide ses pair(e)s pour diffuser de la connaissance autour de sa maladie. Dans le cas présent, la patiente experte, vient renforcer l’équipe pédagogique afin de partager notamment son expérience de troubles addictifs autour de la périnatalité. Un tel parcours fait donc écho, pour certaines professionnelles qui suivent la formation, aux parcours des personnes accompagnées en PMI ou CSES notamment.

Les questions sont nombreuses pour elle. Comment aborder le sujet, quelle question est la plus appropriée, qu’est-ce que votre entourage a pu entendre de vos difficultés d’alors, est-ce que vous avez dû couper certaines relations ? …

Sa présence permet aussi de remettre en question les représentations qu’on peut avoir d’une personne sujette à une conduite addictive. Cadre de santé et consommatrice pendant sa grossesse, jamais la question des addictions ne lui a été posée par les professionnels qu’elle a rencontrés à l’époque. « Est-ce que vous auriez répondu si on vous avait posé la question ? », l’interroge une sage-femme lors de la formation. « Je ne sais pas », reconnaît la patiente experte. Mais quand elle a décidé d’en parler à un professionnel de confiance avec la posture adaptée, « la manière dont ça a été abordé, je ne me suis jamais sentie coupable », raconte-t-elle.

Construire avec l’usager

Pendant plus de deux heures, son témoignage est précieux pour confirmer à ces professionnelles que dans le sujet des addictions, peut être encore davantage que dans d’autres domaines, il faut s’adapter à la personne et construire les solutions avec elle, selon jusqu’où elle est prête à aller.

« On ne peut pas aller plus loin si les gens ne sont pas prêts. Parfois, les objectifs sont petits petits mais c’est déjà ça », témoigne Gabrielle Fabry, infirmière spécialisée en addictologie qui intervient dans les MDML dans le cadre d’AméLyon, en lien avec le Dr Fonteille.

Après ces deux jours de formation, ce panel de professionnelles formées va permettre de constituer un réseau de personnes ressources sur les territoires pour participer à une dynamique de réseau.

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