Nuits de Fourvière : nouvelle partition pour le festival

La programmation de l'édition 2024 des Nuits de Fourvière a été dévoilée jeudi 7 mars. Musique, danse, cirque, théâtre...plus d'une centaine de spectacle sont programmés du 30 mai au 25 juillet. Rencontre avec Emmanuelle Durand et Vincent Anglade, le duo à la tête du festival.

En prenant la direction des Nuits de Fourvière, Emmanuelle Durand et Vincent Anglade avaient plusieurs ambitions, notamment celle de faire rayonner ce festival historique sur tout le territoire de la métropole à la rencontre de tous les publics. La programmation, dévoilée jeudi 7 mars, leur première depuis leur arrivée, est un subtil mélange entre les fondamentaux, qui ont fait la renommée des Nuits de Fourvière et des nouveautés. De grands concerts avec des têtes d’affiche françaises et internationales, de la danse et du cirque, voilà pour les classiques, auxquels viennent s’ajouter un programme spécifique pour les enfants et l’exploration de nouveaux lieux pour accueillir des artistes.

Comment avez-vous travaillé pour construire cette première programmation et quelle est votre touche personnelle ? 

Vincent Anglade : Nous avons d’abord souhaité nous appuyer sur l’histoire des Nuits de Fourvière. Nous prolongeons l’héritage et le travail des équipes précédentes en gardant cette pluridisciplinarité qui fait le côté si rare de ce festival. Ici le cirque peut dialoguer avec la musique qui elle-même peut dialoguer avec la danse ou le théâtre. C’est la force de cette pluridisciplinarité qui permet d’accueillir des publics si différents. 

Emmanuelle Durand : Ce qui fait l’ADN du festival, c’est aussi la création artistique et nous poursuivons dans cette voie. J’en veux pour exemple deux spectacles de danse qui seront des créations mondiales, dans le cadre des Olympiades Culturelles. D’abord le très beau projet de Rachid Ouramdane et de la Compagnie XY, Möbius Morphosis, les 2 et 3 juillet. Une création monumentale avec une trentaine d’acrobates, autant de danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon et une vingtaine de jeunes chanteurs de la Maîtrise de Radio France. L’autre création, c’est Beauséjour du chorégraphe lyonnais Mourad Merzouki, qui va clôturer le festival avec du breakdance. 

V.A. : Nous avons également voulu faire des propositions un peu monumentales pour habiter ce grand plateau qu’est Fourvière. À l’image du spectacle d’ouverture, The Pulse, de la compagnie australienne Gravity & Other Myths qui va réunir, lui aussi, trente acrobates et trente chanteurs et qui sera une première française (du 30 mai au 1er juin). 

Comment avez-vous collaboré avec les acteurs culturels locaux et comment allez-vous investir le territoire de la métropole ? 

E.D. : Nous nous appuyons sur ce réseau et même, nous renforçons ce lien en allant dans d’autres lieux partenaires, comme le Pôle pixel à Villeurbanne (Jusqu’à ce qu’on meure, mis en scène par Brigitte Poupart). Nous voulons proposer une expérience autre que ce qui se fait déjà dans ces lieux toute l’année. Par exemple, on va faire rentrer le skateboard dans l’Opéra de Lyon avec le spectacle Skatepark de la chorégraphe norvégienne Mette Ingvartsen. Les 4 et 6 juillet, le public va découvrir l’énergie incroyable de skateurs, de musiciens et chanteurs réunis. Nous sommes également heureux de pré-ouvrir le festival à Vaulx-en-Velin. Les danseurs de la compagnie XY vont parcourir la ville au contact des habitants pendant une semaine en mai, avant de proposer une grande représentation gratuite, place de la Nation. Cela marque notre volonté d’ouvrir à d’autres spectateurs et de travailler avec les structures locales. 

V.A. : Un autre exemple de collaboration, c’est le Grand bal de l’Amour qu’on organise au musée des Confluences avec la Maison de la Danse, le jeudi 6 juin. En lien avec l’expo À nos amours (présentée jusqu’au 25 août, NDLR), on va proposer une grande fête qui va aller à la fois vers les musiques traditionnelles chères au musée des Confluences et une ouverture à des collectifs plus contemporains avec lesquels travaille la Maison de la danse autour du waacking*, de la culture queer ou DJ. Ce qui nous intéresse, c’est ce rôle de passeur entre tradition et modernité et de réunir toutes ces énergies. 

Quelle place accordez-vous à la scène artistique locale ? 

V.A. : Moi qui suis un nouveau lyonnais, j’ai eu un plaisir fou à découvrir la vitalité de cette scène artistique lyonnaise avec de vrais coups de coeur comme Célia Kameni, Cindy Pooch ou à la rappeuse Lala &ce, et certains de ces artistes se produiront en première partie des concerts. Nous avons invité également plusieurs compagnies locales de théâtre et de danse, comme la compagnie Arcosm ou la compagnie Adrien M ou Claire B. Connecter le festival à la métropole, c’est aussi accueillir cette scène régionale. 

E.D. : Et j’ajoute la présence exceptionnelle des deux orchestres Démos, le Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale de la Métropole de Lyon et qui fait découvrir la musique classique à des enfants ne disposant pas d’un accès facile à cette pratique pour des raisons économiques, sociales ou géographiques. Cela nous tenait à cœur et ces enfants se produiront sur la scène du Grand théâtre en première partie de l’Orchestre national de Lyon, le 13 juin. 

*danse née aux États-Unis dans les années 70 dans la communauté LGBT+