Vivre ensemble : réinventer le logement grâce à l’habitat participatif

Le 25 janvier, l’Hôtel de la Métropole accueille la bourse de l’habitat participatif. L’occasion d’en savoir plus sur ce mode de logement qui permet de concevoir un lieu de vie qui vous ressemble.

Chacun habite chez soi, mais vit ensemble ! On pourrait sommairement résumer ainsi le concept de l’habitat participatif. Derrière ce terme, on retrouve une démarche citoyenne qui permet à des habitantes et habitants de s’associer pour imaginer et concevoir leurs futurs lieux de vie et les gérer par la suite. Dans ces projets, au-delà des logements individuels, des espaces mutualisés sont prévus.

Développement durable, non-spéculation, mixité et gestion de projet. Ce sont les quatre piliers de l’habitat participatif. Au niveau national, un millier de projets d’habitat participatif sont en cours d’élaboration et le territoire de la métropole reste fer de lance dans ce domaine, à l’image du projet du Village vertical qui s’est concrétisé en 2013 à Villeurbanne.

Un guichet unique pour accompagner les projets

Pour accompagner ces projets dans la métropole, en 2021 différents acteurs de l’habitat participatif se sont réunis sous la bannière de La Fabrique de l’habitat participatif, guichet unique pour informer les intéressés, puis les orienter et les accompagner dans leur projet.

Avec leurs associations respectives Cohab’titude et Habicoop Aura, Cécile Viallon et Roger Dumont s’occupent de la première étape celle de l’information pour faire connaître l’habitat participatif et les différentes formes qu’il peut prendre. « Il faut redonner à chacun la capacité de se positionner comme citoyen par rapport à la question de l’habiter et de l’habitat, explique Roger Dumont. Plein de gens imaginent qu’ils n’ont pas d’autres choix qu’un logement clés en mains ».

Les autres structures qui composent de la Fabrique vont pouvoir intervenir à différentes étapes du processus pour permettre aux personnes de murir et construire leur projet et se donner un maximum de chance de les voir aboutir.

Car si l’habitat participatif trouve écho auprès de plus en plus de monde, « la difficulté est de passer du rêve à la réalité. Une partie va rester dans le rêve », souligne Cécile Viallon.

Mais sur le territoire de la métropole, plusieurs projets et habitants parviennent à dépasser le stade de l’aspiration.

Mutualiser les chambres d’amis

À Villeurbanne, au cœur du projet de l’Autre Soie, pour Pete Kirkham et les autres membres du projet Les Bobines, on arrive même à une concrétisation puisque les travaux débutent ce lundi 22 janvier.

Dans l’ilôt B de l’Autre soie, un habitat participatif de 19 logements va voir le jour. Vont être construits : une colocation de quatre chambres et des logements du T2 au T5. Sur quatre étages, les futurs habitats partageront une salle commune, deux buanderies, une terrasse et deux chambres d’amis.

« Avec l’idée d’une utilisation frugale de l’espace et de réduire l’espace de chaque logement, nous ne voulions pas garder des chambres au cas où, donc on mutualise. Nous utiliserons un système de calendrier pour l’utilisation des chambres d’amis », explique-t-il. Sous la forme de coopérative, le projet est accompagné par Habitat et partage.

« Nous avons pu participer au choix pour la maîtrise d’œuvre et nous nous réunissions à peu près tous les mois, ce qui a permis au groupe de connaître ses valeurs communes », détaille Pete Kirkham.

Se retrouver sur les valeurs, c’est un aspect essentiel des projets. Et si le projet n’en est qu’à ses débuts, à la ZAC des Girondins à Lyon 7e, Mati a pu constater qu’avec les autres habitant impliqués « nous avions des attentes quasi-identiques. Sur les aspects intergénérationnels, solidaires et d’entraide ».« Nous voulons continuer à habiter dans Lyon, mais nous souhaitons aussi habiter d’une certaine manière », appuie-t-il.

Pour l’instant, presque tout est à imaginer sur ce projet qui ne devrait se concrétiser que fin 2027, mais l’esprit est bien là. Déjà habitant de la ZAC des Girondins, pour Mati le vivre-ensemble fait partie prenante de la vie en immeuble. Mais malgré tout, « ce n’est pas parce que c’est de l’habitat coopératif qu’on vit les uns chez les autres, souligne-t-il. Ce n’est pas une doctrine, si on n’a pas envie de partager, on peut aussi rester chez soi. C’est cet équilibre entre espace commun et espace intime qui permet un vivre-ensemble ».

Partager aussi le cheminement

Sur le projet de Gratte-Ciel Ouvert, dans la ZAC Nord Gratte-Ciel à Villeurbanne, tout a aussi été prévu pour que chaque appartement soit indépendant, mais les habitantes et habitants pourront aussi décider de se retrouver dans la salle commune ou encore la buanderie. Pour Julien Rey, habitant impliqué dans le projet, l’idée de « créer plus de lien avec la communauté de personnes qui vit autour de soi », l’a conduit à s’intéresser à l’habitat participatif. Mais pour lui comme pour la plupart des personnes impliquées, le voyage est aussi important que la ligne d’arrivée.

Et selon lui, il est nécessaire de faire partir de l’avant pour pouvoir bien s’intégrer ensuite.

Lutter contre la spéculation

Une réflexion sur le vivre-ensemble est donc au cœur des démarches d’habitat participatif. Mais repenser la manière dont fonctionne l’immobilier et notamment la spéculation également.

C’est en tout cas un des arguments qui a séduit Nicolas Ferro, impliqué sur le projet Commun immeuble prévu à la Saulaie à Oullins.

« Il s’agit d’une coopérative d’habitant, les habitants seront propriétaires de l’immeuble pas de leur logement », détaille-t-il. Concrètement, les habitants prennent des parts sociales dans la coopérative et quand ils s’en vont, ils récupèrent leurs parts sociales. Les appartements ne sont pas remis sur le marché donc leur prix ne change pas.

Un mode de fonctionnement qui dans le contexte actuel est un vrai parti pris et qui se heurte encore parfois à des réalités économiques. À Gratte-Ciel, le projet qui devait porter sur un immeuble entier a finalement été réduit de moitié. « L’habitat participatif est un modèle encore fragile qui doit trouver son équilibre économique », estime Julien Rey.

Libérer du foncier

Pour accompagner l’essor de l’habitat participatif, les collectivités peuvent donc aussi avoir un rôle à jouer. À Oullins, Nicolas a intégré le projet il y a un an, au départ intéressé par le secteur de la Croix Rousse, une rencontre avec Renaud Payre et Béatrice Vessiller, respectivement vice-président délégué à l’habitat et vice-présidente déléguée à l’urbanisme et au cadre de vie, a permis à son groupe d’apprendre que la Métropole proposait de mettre à disposition un terrain dans la ZAC de La Saulaie, rue Pierre Semard.

Car avec la crise du logement, les politiques se sont aussi intéressés à cette forme d’habitat qui permet d’explorer une autre voie du logement. Avec la problématique centrale de l’accès au foncier, la volonté de la Métropole est de libérer et de proposer des terrains abordables pour les groupes. Elle met donc à disposition dans les ZAC des terrains à des prix minorés pour encourager le développement de coopérative d’habitants.

À Oullins, cinq foyers sont impliqués sur le projet, l’objectif est d’en avoir 15. La bourse de l’habitat participatif du 25 janvier sera donc l’occasion de faire se rencontrer des projets avec des habitants intéressés.