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Voyage-mémoire à Auschwitz

En coulisses

Publié le 18 mai 2018 par Cécile Prenveille

Fin avril, 123 collégiens de la Métropole de Lyon et du département ont participé à un voyage mémoire en Pologne. Une visite pédagogique chargée d'histoire qui les a menés de l’ancien ghetto de Cracovie jusqu’aux camps d’Auschwitz Birkenau, sur les traces des juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale.

23 avril 2018 – Sur le tarmac de l’aéroport Lyon Saint-Exupéry, 123 collégiens et collégiennes s’apprêtent à embarquer pour Cracovie. Ils viennent des collèges du territoire (dix de la métropole, trois du département) et sont accompagnés par des témoins de la Shoah, trois vieux messieurs qui avaient à peu près leur âge dans les années 40.
Avant de partir, ils se sont préparés avec leurs professeurs, ils ont étudié cette sombre page de l’histoire, inscrite au programme scolaire de 3e, et ont suivi un cycle de visites à l’ancienne prison Montluc, au centre historique de la déportation et de la résistance de Lyon. Dans leurs sacs, des cahiers, des crayons et des appareils photo. Car ils ont un vrai rôle à jouer. « On ne pouvait pas emmener tous les élèves, explique une enseignante, à leur retour ils vont devoir raconter tout ça aux autres. »

Les passeurs de mémoire

Raconter le ghetto de Cracovie, l’horreur des camps d’Auschwitz-Birkenau et les conditions de détention inhumaines. Raconter comment on venait vous arrêter en pleine nuit, au seul motif de votre religion, pour vous envoyer par wagons entiers aux camps de la mort. Les traces noires et violettes sur les murs laissées par le zyklon B. Les tests médicaux et la stérilisation forcée des femmes juives au bloc 10. Raconter les piles d’objets confisqués aux déportés qui montent jusqu’au plafond : des valises, des lunettes, des peignes et des blaireaux à barbe. Raconter cette petite chaussure rouge dans la montagne de souliers. Pointure 26. « J’avoue, j’ai pleuré » confie Lisa en sortant du bloc où sont exposés tous ces objets du quotidien. « Ils apportaient tout ça avec eux parce qu’ils pensaient déménager… »

Dialogue avec les survivants

Amel prend des notes, concentrée. Le tri des déportés, à l’arrivée des convois, c’est ça qui l’a marquée. « En fait, ça leur prenait deux secondes. Il y avait un médecin assis au bout du quai, il jetait un coup d’œil et puis il montrait une direction. À gauche l’entrée du camp, à droite le four.»  Sur chaque convoi, 80% des juifs étaient exterminés. Les hommes et les femmes jeunes et robustes étaient envoyés au camp de prisonniers. Les personnes fragiles, les vieillards et les enfants en culotte courte prenaient le chemin des chambres à gaz. Claude Bloch, rescapé d’Auschwitz raconte. « Les allemands sont venus nous chercher à la maison un jour de l’été 44. J’avais 15 ans. J’avais enfilé un short parce qu’il faisait beau, les vacances venaient de commencer. Ma mère m’a renvoyé mettre un pantalon. Le voyage a été long. Une fois descendu du train, ma mère que j’avais suivie m’a repoussé loin d’elle, du côté des hommes. Cela m’a fait beaucoup de peine. Ce n’est que plus tard que j’ai compris. Elle m’avait sauvé la vie deux fois. »

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    Le Dr Joseph Mengele, surnommé l’ange de la mort, procédait à ses expériences médicales sur les femmes juives au block 10 d'Auschwitz.

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    C'est dans les souterrains du block 11 d'Auschwitz que le zyklon B a été testée pour la première fois, sur des êtres humains. C'était le 1er septembre 1941.

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    Au début les baraquements étaient construits en pierres. Pour gagner du temps, les nazis se font livrer des écuries préfabriquées en bois, dimensionnés pour 51 chevaux. 400 hommes vont s’y entasser.

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    Des 350 baraquements de Birkenau il ne reste que les cheminées. En hiver, il faisait – 20°. Chaque baraque disposait de sa cheminée, mais il n’y avait pas de combustible…

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    Il faut imaginer : le sol piétiné par 100 000 prisonniers, la terre transformée en boue où ils s’enfonçaient parfois jusqu’aux genoux.

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    Les 6 fours d'Auschwitz-Birkenau étaient calibrés pour brûler 1000 corps par jour.

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    Le four n°4 a été détruit lors de la révolte - la seule - de l’été 1944. Les prisonniers avaient dissimulé des grenades dans un chariot de soupe.

Plus jamais ça !

Maxime lui retiendra cette phrase du philosophe Georges Santanaya, « Celui qui oublie son passé est condamné à le revivre ». Juste à côté, Jean Lévy hoche la tête. Témoin de la Shoah il avait 10 ans en 1943 « Un jour, je vais disparaître et mes souvenirs avec. C’est pour ça que ce voyage est extrêmement important. Ces jeunes sont des passeurs de mémoire. »
Solennels, ils ont pris toute la mesure de leur rôle. Pour clôturer ce voyage pour la mémoire, les collégiens et collégiennes ont rendu hommage aux hommes, aux femmes et aux enfants morts dans les camps de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Par petits groupes ils ont pris la parole. « Les survivants sont encore là et ils nous parlent. On doit raconter leur histoire sans rien cacher. Même si des fois c’est inimaginable. Parce qu’une seule chose est pire qu’Auschwitz. C’est si le monde oublie que ça a existé. »

 

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Plus d'une million d'hommes et de femmes sont morts dans les camps d'Auschwitz-Birkenau. Les collégiens leur ont rendu hommage à travers la lecture de textes choisis. "

infos pratiques

Financé par la Métropole et le département du Rhône, le voyage est co-organisé avec l’Association des fils et filles des déportés juifs de France et reçoit le soutien de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.

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