ZFE : en immersion avec les citoyens qui vont donner leur avis

Dans la métropole de Lyon se poursuit une grande démarche de participation citoyenne sur la zone à faibles émissions. Elle va être renforcée à partir de l'été 2022 avec l'objectif d'une sortie du diesel d'ici 2026. Parmi les nombreuses actions mises en place : le panel citoyen, avec qui nous avons passé une matinée.

À suivre en direct !

Les habitants et habitantes membres du panel citoyen se réunissent une dernière fois vendredi 3 décembre. Ils vont auditionner plusieurs intervenants : élus, experts etc. pour finaliser leur travail de réflexion.

Vous pourrez suivre les échanges en direct sur la chaîne youtube de la Métropole à partir de 17h30 : https://youtu.be/5DVePFEyMak

  • 17h30 – 18h15 - ZFE et dépollution de l’air : jusqu’où la mise en place de la ZFE contribue-t-elle à dépolluer l’air ?
    • Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon en charge des déplacements, des intermodalités et le la logistique urbaine,
    • Docteur Gladys Moréac-Njeim, experte qualité de l’air & transport routier chez Renault,
    • Ghislaine Baillemont, directrice générale adjointe d’APRR-AREA,
    • Alexandre Thomasson, ATMO Auvergne Rhône-Alpes
    • Thomas Lymes, policy advisor, coordinateur de projets mobilités, réseau Eurocities
  • 18h15 – 19h00 – ZFE et transformation du cadre de vie : en quoi la ZFE peut-elle influencer les transformations en cours du cadre de vie ?
    • Vincent Monot, conseiller de la Métropole de Lyon, membre de la commission déplacements, représentant au SYTRAL,
    • Laurine Colin, directrice du syndicat mixte d'étude et de programmation de l'agglomération lyonnaise (SEPAL), porteur du Schéma de cohérence territoriale (SCOT) de l’agglomération lyonnaise
    • Olivier Michel, président de l’association My Presqu’île,
    • Roger Journet, président du Groupement Mi-Plaine
  • 19h00 à 19h45 – ZFE et inégalités sociales : comment accompagner les personnes et familles les plus en difficulté vis-à-vis de l’interdiction des véhicules les plus polluants
    • Fabien Bagnon, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la voirie et des mobilités actives,
    • Frédéric Martinez, psychologue social,
    • Evelyne Bernard et Sarah Brière, direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL)
    • Sébastien Thollot, secrétaire général, Secours populaire

8h35, autour du café d’accueil de ce 2e week-end de travail, l’heure est à la convivialité pour les habitantes et habitants sélectionnés pour le panel citoyen. « Bientôt, on demandera leur avis aux ours polaires ! » blague Mohammed. Mais c’est bien à eux que la Métropole de Lyon demande leur avis sur la Zone à faibles émissions, déjà en place pour les professionnels, et qui sera étendue aux véhicules des particuliers dès l'été prochain.

Une journée de rencontre avec des spécialistes

Au programme de cette journée bien remplie, rencontres avec des personnes qui connaissent bien le sujet : des experts, des représentants d’association, et même des élus opposés à la mise en place de la ZFE ! Comprendre et débattre, c’est ce qui permettra aux citoyens de se construire leur propre avis. 

ZFE : Obliger pour changer ? 

Première intervention du matin, un psychologue social explique pourquoi il est si difficile de changer ses habitudes de déplacements. Les citoyens apprennent le mot « réactance », pour parler de ce comportement qui consiste à faire exactement le contraire de ce qu’on nous dit de faire. Dans la psychologie humaine, c’est simplement une manière de se sentir autonome et de garder le contrôle sur sa vie. Alors, l’obligation est-elle une bonne chose ? Le débat s’arrête surtout sur la nécessité d’accompagner les habitants dans le grand changement que la ZFE va apporter dans leurs vies. 

L’impact de la ZFE pour les plus démunis

10 heures : c’est au tour de deux responsables associatifs de prendre la parole. Georges Bolon, Président du Secours catholique du Rhône, explique que parmi les personnes qu’il reçoit, 9 sur 10 n’ont simplement pas de voiture, car cela coûte trop cher… Les citoyens posent des questions : peut-être qu’en développant les transports en commun sur des horaires plus larges, à un prix réduit, la ZFE pourrait aider ces personnes ? À l’inverse, ceux qui ont peu de moyens mais sont obligés d’avoir une voiture pourraient tomber dans la précarité s’il faut en acheter une nouvelle. 

Après l’intervention de Valentin Desfontaines, responsable des questions de mobilités durables chez Réseau Action Climat, c’est au tour des citoyens d’intervenir. Frédérique, 46 ans, assistante en laboratoire pharmaceutique et habitante de Saint-Priest, soulève la question de la distance entre le lieu d’habitation et le lieu de travail. Bien penser la mobilité, ça se passe aussi à ce niveau-là : il faut par exemple des logements sociaux disponibles. 

Angélique enchaîne sur l’implication des entreprises. Les chaînes, par exemple, pourraient faciliter le rapprochement des salariés dans le magasin le plus proche de chez eux. Beaucoup pourraient jouer sur les horaires ou les solutions partagées. Comment les impliquer dans la réflexion ? 

Voilà la richesse du panel citoyen. Chacun partage ses craintes, mais aussi ses anecdotes personnelles et son vécu sur le territoire. L’objectif : faire en sorte que la ZFE s’adapte à la vie, la vraie, des habitantes et des habitants. 

La ZFE : mise en place, contrôle, coût… ça se passe comment ailleurs en Europe ? 

La dernière intervenante de la matinée s’appelle Elsa Thomasson. Avec elle, on prend un peu de recul : elle projette différents tableaux pour comparer la situation de Lyon et de la France avec différents pays européens. En Italie, il y a presque 130 zones à faibles émissions, alors que d’autres pays n’en ont qu’une. 

Elle revient sur les normes européennes et rappelle l’origine des ZFE : elles répondent aux critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Europe, pour protéger l’environnement et la santé humaine. Si la France ne diminue pas ses émissions de polluants dans l’air, elle risque une amende de 11 millions d’euros.

Alors, ça fait quoi, de porter la parole citoyenne ? 

"On peut vraiment poser des questions et exprimer ce qu’on pense. C’est un échange très utile, il n’y a pas de non-dit.”
Aurélien, 34 ans, éducateur, habitant de Saint-Germain-aux-Monts-d’or 

“Quand on m’a appelée au début, j’étais très étonnée, j’ai cru que c’était une blague. C’est intéressant de donner son avis et d’apprendre des choses, même si parfois c’est du Chinois... J’attends le jour où le projet sera réalisé pour voir ce qu’on y gagnera.”
Samia, 52 ans, habitante de Vénissieux, agent dans un lycée

“Dans mon entourage, on entend parler de la ZFE mais l’info n’est pas intégrée alors que ça arrive très vite ! En participant, on est informé sur beaucoup de choses, le calendrier par exemple. Du coup, on se sent porte-parole”.
Angélique, 37 ans, habitante de Sathonay-Camp et mère au foyer

“La pollution et l’écologie sont des sujets qui me tiennent à cœur. Tout ça, il faut que ça se concrétise le plus vite possible car la pollution de l’air engendre pas mal de problèmes, de santé notamment”.
Ali, 41 ans, habitant de Craponne, agent d’entretien dans un collège

ZFE : une commission indépendante pour surveiller l’équilibre du débat

Un profil discret s’est glissé parmi les participants. Il écoute, note, mais ne prend jamais la parole. Il s’agit de Jean-Louis Laure, représentant de de la Commission nationale du débat public. Il est là pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de manipulations et que tous les avis soient pris en compte. « Je participe en tant qu’observateur neutre et indépendant. Je veille à la construction d’un dialogue équilibré » explique-t-il. Sans y être obligée, c’est la Métropole de Lyon qui a sollicité la CNDP pour garantir la concertation.

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