20 décembre 2024
Terrains vagues, friches industrielles, casernes désaffectées : et si on y voyait une chance ? Plutôt que de les laisser vides en attendant le démarrage de chantiers, pourquoi ne pas les mobiliser à la faveur de nouveaux projets ? Héberger des personnes sans abri, les mettre à disposition d’entrepreneurs qui se lancent, en faire des jardins partagés, organiser des événements pour que les habitants en profitent… Voilà bien résumée la politique d’urbanisme transitoire impulsée par la Métropole de Lyon, un marqueur fort du mandat avec une montée en puissance en 2024.
L’urbanisme des possibles
Publié le 9 février 2024 par la rédaction du MET'
À la clé de l'urbanisme transitoire, une autre manière de fabriquer la ville : plus résiliente, plus solidaire – à l’épreuve des bouleversements climatiques, économiques et sociaux. La Métropole y consacre un budget sans précédent : 10 millions d’euros jusqu’en 2026, avec déjà 43 sites répertoriés sur tout le territoire.
Hospitalité et nouveaux départs
Des terrains vagues se transforment alors en centres d’hébergement d’urgence pour au moins trois ans, comme la Station Rockefeller à Lyon 3 où de petits bungalows préfabriqués ont été installés pour héberger 52 jeunes migrants. À Villeurbanne, la Métropole a rapidement mis sur pied tout un village de tiny houses pour accueillir 17 familles, des mères isolées avec leurs enfants de moins de trois ans. Même principe dans le 9e arrondissement avec Les Amazones : 20 maisons de poche occupent l’ancien dépôt de sel de la Métropole. Dernier en date : Cocon à Oullins-La Saulaie, où la Métropole, avec l’aide d’associations, loge 22 familles en attendant le coup d’envoi du projet urbain sur cette immense friche de 20 hectares.
Bien plus qu’un toit, dans ces habitats mobiles, les personnes vulnérables retrouvent l’intimité et la dignité nécessaires à un nouveau départ après des parcours de vie difficiles. « Il y a du lien social qui se crée, de la solidarité de quartier prend racine autour de ces villages », assure Béatrice Vessiller, vice-présidente de la Métropole à l’Urbanisme et au cadre de vie.
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personnes mises à l’abri avec l’aide des associations
Un tremplin pour les entreprises
Ultraflexibles et super accessibles : ces grands volumes vacants permettent de démarrer une activité en limitant la prise de risque. Peu de frais à débourser avec des loyers en moyenne 30 à 50 % en dessous du prix du marché. La souplesse d’arriver et de repartir facilement. Un mois de préavis seulement. « Et si la mayonnaise prend, on peut renouveler le bail. »
Julie Pinson en sait quelque chose, elle gère les Ateliers Briand à Saint-Priest : 1 000 m² de bureau, 10 000 m² de halles, 36 entreprises installées pour trois ans. « Renouvelables trois ans. C’est idéal quand on se structure. Le temps de trouver son modèle économique, ses financements, ses partenaires, de tester son projet… » Certains occupants rejoindront des sites conventionnels une fois leur activité bien rodée. « D’autres lâcheront la rampe parce qu’ils réaliseront que leur activité ne tourne pas – sans y laisser trop de plumes. » Un constat partagé par Béatrice Vessiller : « On s’autorise beaucoup plus d’options dans le transitoire car la prise de risques est limitée. Les bonnes idées vont prendre et pourront ensuite trouver leur place dans le pérenne. »
Au départ, ils viennent chercher du m2 pas cher. Et ils trouvent une communauté de travail soudée avec laquelle ils partagent des galères, des coups de main, des réussites.
Julie Pinson,
gestionnaire des Ateliers Briand chez Intermède
L’allée du Textile à Vaulx-en-Velin, l’Étape 22D à Villeurbanne, les Ateliers Briand à Saint-Priest… Grâce à l’urbanisme transitoire, la Métropole peut proposer des espaces moins chers aux acteurs de l’ESS. Mais pas que. « Il y a une mixité hyper intéressante, des sites et des coopérations se mettent en place naturellement » analyse Julie Pinson. Ainsi, trois structures des Ateliers Briand ont mis au point des tables de bar 100 % recyclées. Inclusion, spécialiste de l’insertion, a mobilisé ses équipes pour désosser d’anciens gradins et récupérer le métal. Lequel a servi à fabriquer le pied imaginé par Be Process, chaudronnier de son état. Pendant que Tizu s’attelait au design du plateau.
Culture alternative
Les professionnels du secteur culturel ont été les premiers à voir les possibilités grandioses de l’urbanisme transitoire. Capacité d’accueil, terrain de jeu artistique, prix de location imbattable, occupation événementielle : les anciens sites industriels aux proportions monumentales cochent toutes les cases. À ce titre, l’ancien technicentre SNCF à La Mulatière est en passe de devenir le nouveau spot culturel de la métropole.
Faites place à la nature !
Moins de bitume, plus de végétation : c’est une demande forte des habitants. La Métropole explore aussi le potentiel fertile des terres en friche. Les jardins partagés des Marronniers à Fontaines-sur-Saône en sont un bel exemple. L’objectif : créer du lien entre les résidences et l’école des Marronniers grâce au jardinage. Et ça prend ! Concrètement, une grande bande de 2 600 m² accueille une pépinière, un jardin partagé et une zone de liberté où les enfants peuvent jouer au grand air.
Du côté de Villeurbanne, plusieurs projets d’agriculture urbaine sont nés de l’occupation temporaire “Laboratoire des Gratte-ciel”. Et depuis décembre à Bron, les 10 000 m² libérés après la démolition d’UC1, une des plus grandes barres d’immeubles de France, sont utilisés pour stocker, assainir et fertiliser la terre des chantiers de la métropole. Avant de la réinjecter pour des plantations futures. On touche du doigt l’économie environnementale et circulaire.
Tester avant les grandes manœuvres
L’urbanisme transitoire permet aussi de tester plusieurs options avant de trancher en faveur de l’aménagement définitif d’un espace public.
À Villeurbanne, par exemple, sur la place Grandclément, en parallèle de la construction du tram T6, la Métropole a pu tester différentes installations au fil des saisons avec les habitants : coin pique-nique, aire de jeux, manège, brumisateurs et voiles d’ombrage au plus fort de l’été.
C’est aussi le cas à Lyon 3 : en attendant les travaux sur la place des Martyrs de la Résistance, juste devant l’école Léon-Jouhaux, le parking a été supprimé et les usagers peuvent profiter de bancs et de gradins sous les platanes, et même d’un circuit pour apprendre à faire du vélo. « On profite du temps long de la transformation urbaine pour tester une multitude de projets en lien avec nos politiques publiques, explique Béatrice Vessiller. Sans l’urbanisme transitoire, ces projets n’auraient jamais pu voir le jour. »
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mobiliers extérieurs fabriqués et testés
Les Grandes Locos : nouveau terminus pour la culture
Publié le 9 février 2024 par Marie Towhill
D’immenses halles et des milliers de mètres carrés à ciel ouvert, le tout au carrefour du métro B, du boulevard M7 et de trois Voies Lyonnaises… En 2024, l’ancien technicentre SNCF à La Mulatière devient le terrain de jeu de trois événements phares de la métropole de Lyon. Bienvenue aux Grandes Locos !
Un futur haut lieu de la culture métropolitaine s’apprête à entrer en gare. Dès le mois de mai, Nuits sonores, le Lyon Street Food Festival et les Biennales de la danse et d’art contemporain vont s’installer pour plusieurs années dans cet écrin industriel à la mesure de leur démesure. Et à partir de 2025, les Grandes Locos s’ouvriront à d’autres événements culturels.
170 ans d’histoire
Pour capter l’esprit du nouveau projet d’urbanisme transitoire porté par la Métropole de Lyon, il faut remonter le temps. En 1846, la Compagnie des haut fourneaux, forges et ateliers d’Oullins vient de s’installer à La Mulatière. Situé le long de l’une des toutes premières voies ferrées de France, le site finit par être racheté par la SNCF. Pendant 170 ans, on y construit et on y entretient des locomotives à vapeur puis des moteurs électriques pour les trains. Mais en 2019, la majorité des activités sont transférées à Vénissieux et le site est en grande partie désaffecté. Il faut lui imaginer un nouveau destin.
Cadre grandiose pour culture grand format
Rapidement, la Métropole de Lyon, la SNCF et la commune de La Mulatière tombent d’accord : l’avenir du technicentre doit être à la hauteur de son histoire… et de sa situation au cœur névralgique des grands projets urbains du territoire, entre Confluence, Gerland et Oullins-La Saulaie.
Le site combine des bâtiments monumentaux, de grands espaces extérieurs et une desserte idéale par les transports en commun : de quoi ouvrir le champ des possibles. D’autant que l’occupation des anciennes usines Fagor touche à sa fin à Gerland : les événements culturels XXL de la métropole ont besoin d’un nouveau point de chute. La décision est prise, une partie du technicentre leur sera réservée en attendant le projet urbain définitif. Les Grandes Locos sont nées.
Les chiffres du projet
- 50 000 m2 de bâtiments et d’espaces extérieurs
- 17M€ d’investissement
- 250 000 personnes par an pour trois festivals
La réhabilitation va bon train
Désormais propriétaire des halles 8 et 9, et locataire de la halle 1 et des bâtiments nord, la Métropole de Lyon a lancé une vaste réhabilitation. Électricité, désamiantage, mise aux normes de sécurité, aménagements extérieurs… Les premiers travaux se concentrent sur le patrimoine en location, épicentre de la saison 2024.
Les acteurs culturels entreront en scène dès le mois de mars pour s’approprier le décor et le façonner pour chaque événement. Première à ouvrir le bal, l’association Arty Farty, aux manettes de Nuits sonores, annonce déjà quatre scènes électro pour l’édition de mai 2024. Puis ce sera au tour du Lyon Street Food Festival de réinventer les lieux en juin, avant que la Biennale d’art contemporain ne s’en empare en septembre.
Ce site immense et grandiose servira d’écrin à une vie culturelle vivante, renouvelée et dynamique.
Bruno Bernard,
président de la Métropole de Lyon
Du transitoire, mais pas que
Jusqu’en 2028, l’occupation des Grandes Locos sera mouvante. Le scénario changera chaque année en fonction de l’avancée des travaux, dans une pure logique d’urbanisme transitoire. Ensuite, la fin de la réhabilitation des halles 8 et 9 ouvrira la porte à un avenir au long cours. « Nous voulons créer un écosystème pour que la production artistique puisse se développer et se structurer avec des espaces de création, de travail, de production, de stockage… », souligne Cédric Van Styvendael, vice-président en charge de la Culture. Trait d’union entre temporaire et pérenne, les Grandes Locos sont une première brique du futur projet urbain. Avec elles, une donnée s’affirme : la culture donnera sa couleur à la transformation définitive du site.
Demain, des ressourceries spécialisées
Comme un avant-goût du potentiel des Grandes Locos, les bâtiments nord vont accueillir deux ressourceries à partir de 2025, pour au moins dix ans.
L’une offrira une seconde vie aux décors, costumes et accessoires issus de spectacles, concerts, expos, bref du monde culturel.
L’autre sera dédiée au réemploi dans le secteur du bâtiment. Pour faire simple, ces recycleries professionnelles permettront de récupérer objets et matériaux.
Côté culture, certains éléments pourront être réutilisés en l’état par des associations ou des compagnies en quête de solutions à moindre coût. D’autres serviront de base à la confection de nouveaux objets ou décors.
Côté construction, les professionnels pourront piocher dans une matière première circulaire pour alléger l’empreinte carbone des chantiers. Outre le stockage, la remise en état et en circulation du matériel collecté, les ressourceries seront aussi un vivier d’idées, de formation et de compétences pour tester de nouvelles façons de construire la ville et de produire la culture.
L’étape 22D : urbanisme transitoire taille XXL
Publié le 21 décembre 2023 par Théo Chapuis
Avec sa taille colossale et la mixité de vocations qui s'y côtoient, L'étape 22D fait passer la vitesse supérieure à la Métropole de Lyon dans sa politique d'urbanisme transitoire.
L’urbanisme transitoire, c’est comme ça qu’on appelle l’occupation temporaire d’espaces vacants. Entrepôts industriels, rues à réaménager, bureaux, usines ou bâtiments de toutes sortes laissés à l’abandon sont réoccupés. On y installe une nouvelle activité, pour une durée de quelques mois ou de plusieurs années.
Aujourd’hui, on compte une quarantaine de sites d’urbanisme transitoire dans les communes du territoire, hébergeant des entreprises ou des associations, des solutions de logement ou de solidarité, des animations pour le quartier, de l’art, de la culture, etc. De quoi soutenir et accompagner les émergents d’une part, et offrir un espace d’expression taille XXL aux plus structurés. Et la Métropole de Lyon compte bien faire de L’étape 22D un exemple emblématique de l’urbanisme transitoire.
Situé à Villeurbanne, rue Decomberousse au Carré de Soie, L’étape 22D est en fait la nouvelle vie de deux sites industriels gigantesques : ceux des géants Bobst et Thyssen-Krupp. Au total : 40 000 m² de bureaux, de stocks et d’entrepôts. Mais aussi 10 000 m² de parkings et d’autres espaces extérieurs. Une taille presque équivalente à celle de la place Bellecour, et le plus grand site d’urbanisme transitoire avec les Grandes Locos à La Mulatière. La Métropole de Lyon s’est rendue propriétaire de ces lieux vacants et les rénove peu à peu pour permettre qu’ils retrouvent de la vie.
Objectif : faire de L’étape 22D un lieu exemplaire, utile au plus grand nombre. Mais aussi un véritable démonstrateur du potentiel infini de l’urbanisme transitoire, grâce à son modèle hybride. Ce qui fait de L’étape 22D un modèle bien particulier, c’est le mélange d’actrices et d’acteurs œuvrant dans des domaines a priori très différents : industrie, économie circulaire, hébergement d’urgence, textile, recyclage/réemploi, etc.
L’étape 22D doit être un endroit où des structures très différentes peuvent s’installer pour expérimenter, tester, prototyper. La Métropole de Lyon veut accompagner l’émergence, puis l’établissement de filières économiques dans les métiers du « faire », au bénéfice de la transition écologique et sociale.
Émeline Baume,
vice-présidente en charge de l’Économie, l’économie sociale et solidaire et le commerce
Ligne d’arrivée pour L’étape 22D
- L’étape 22D devrait connaître son terminus à la fin de l’année 2027. Les lieux se videront alors peu à peu pour laisser place à ce qui aura été décidé pour le futur du quartier. Quoi qu’il en soit, le projet urbain n’a pas encore été décidé et l’heure n’est pas au départ, mais à l’emménagement. Avant cette échéance, il y a encore plein de choses à faire rue Decomberousse !
Vélo, boulot, dodo
L’étape 22D présente de nombreux avantages, comme la diversité et la grande taille de ses espaces : halles industrielles, ateliers, bureaux et extérieurs… Le site profite aussi d’un emplacement idéal, que ce soit pour venir y travailler ou les livraisons. Stations de bus, tram et métro Laurent-Bonnevay et Vaulx-en-Velin – La Soie, proximité du boulevard périphérique. L’opportunité a déjà été saisie par 27 acteurs de l’économie sociale et solidaire, et encore bien d’autres qui s’installent petit à petit.
- Premier occupant du site, Grand plateau est un tiers-lieu au service des mobilités actives. C’est-à-dire ? Il s’agit même du quartier général d’une filière vélo en cours de structuration. Depuis juin 2022, il héberge 25 entreprises de conseil, assemblage, production, prototypage, location de vélo. Un endroit unique en France où se croisent 120 professionnels du cycle, récompensé par le prix « Talents du vélo » 2023 dans la catégorie Innovation de services.
- Indulo, c’est un simulateur d’usine version poche. On y découvre 14 métiers différents dans un parcours conçu comme un jeu vidéo. Il propose aux jeunes (et aux moins jeunes) un regard neuf sur l’industrie à travers la conception et la réalisation d’une pédale de vélo. De quoi imaginer des passerelles avec les voisins de Grand Plateau ! Parallèlement à sa version itinérante qui sillonne les salons et les forums des métiers, cette version fixe d’Indulo a posé ses valises ici en novembre 2023.
- Sur un ancien parking, à quelques mètres d’Indulo, on trouve Acoléa et son véritable village d’une douzaine de préfabriqués. Outre une buanderie et un espace commun, c’est dans ces habitats temporaires que 48 jeunes majeurs de 18 à 21 ans au parcours difficile sont hébergés, suivis et accompagnés par des équipes de l’action sociale. Scolarité, santé, emploi… Direction l’autonomie !
À L’étape 22D, de la tendresse et du réemploi
En 2024, nombreux seront les nouveaux arrivants. Avec l’association Habitat et humanisme, d’anciens bureaux sont transformés pour loger une cinquantaine de mères isolées et leurs enfants de moins de trois ans. Un toit : c’est le principal, avant de proposer un accompagnement dans la scolarité, la formation, l’emploi, le logement ou l’accès aux droits. « On souhaite avant tout faire des lieux de grande tendresse, un cadre serein pour ces femmes et leurs enfants », déclare Franck Chalvin, président d’Habitat et humanisme Rhône.
Autre installation cette année : celle de la plate-forme de tri d’encombrants Iloé. L’idée ? Travailler main dans la main avec les autres locataires des lieux, et avant tout avec un nouveau pôle économique circulaire et textile. Autrement dit, un groupement d’entreprises et d’associations qui travaillent à remettre en circulation des matières et des objets en tissu. Ces autres nouveaux locataires se nomment Maison Ma Bille, Enjoué, Textile Lab, Fil en forme et travaillent dans le jouet, le vêtement de travail, le matériel médical, les équipements sportifs, etc.
Côté savoir-faire, la Métropole de Lyon a su s’entourer. Pour réaliser un diagnostic de ce site gigantesque, penser les aménagements, recueillir les besoins des futurs occupants, elle a confié les clés des lieux à des experts de l’urbanisme transitoire. C’est Plateau urbain, à qui l’on doit la réussite des Grandes voisines, qui va assurer la gestion et l’animation de L’étape 22D pour les 4 années à venir.
Résultat : une centaine d’emplois supplémentaires en 2024, dont plus d’un sur deux réservé à des personnes en situation d’exclusion.
C’est la première pierre d’une véritable filière : regrouper les entreprises, les marques et les fabricants du territoire pour trouver une solution aux déchets textiles. Du vêtement en fin de vie à son recyclage !
Camille Marion-Vigne
présidente de Maison Ma Bille
À l’avenir, L’étape 22D doit accueillir des structures d’aide alimentaire, d’économie circulaire et d’économie sociale et solidaire. Ainsi que des espaces bientôt ouverts au public pour de la formation, des événements ou autre. Finalement, comment être sûr que ça marche ? En faisant ensemble !
On va créer des événements partagés, inventer des lieux de rencontre, permettre de partager les envies, les espaces, les compétences… tout en y allant progressivement. C’est du travail ! On se base sur des outils, une méthodologie et notre expérience. Au fond, le secret c’est l’écoute.
Simon Laisney,
directeur général de Plateau urbain
INDULO, un simulateur d’usine pour découvrir l’industrie et ses métiers
Publié le 5 décembre 2023 par Amandine Le Blanc
Sur la friche L’Étape 22D à Villeurbanne, INDULO, une mini-usine de pédales de vélo vient d’ouvrir ses portes. Ce dispositif de médiation vise à faire découvrir les métiers et les compétences de l’industrie.
La pédale de vélo comme outil pour combattre les idées reçues sur l’industrie. C’est le pari d’INDULO, dispositif de médiation qui vise à promouvoir les métiers et compétences de la filière industrielle.
Porté par l’Université de Lyon, ce simulateur d’industrie est installé depuis début décembre au sein du tiers-lieu appartenant à la Métropole de Lyon « L’Étape 22D » à Villeurbanne.
Sur près de 200 m2, une mini-usine a été recréée. Au sein de celle-ci, on fabrique des pédales de vélo. On retrouve différentes stations qui matérialisent toutes les étapes nécessaires à la fabrication du produit et les métiers qui interviennent. Car le but d’INDULO c’est de faire découvrir les métiers de l’industrie, parfois méconnus ou mal connus à des groupes scolaires, collégiens ou lycéens, mais aussi des professionnels en reconversion.
11 ateliers pour 14 métiers
Ici pas ou très peu de théorie, le dispositif est immersif, pendant deux heures les visiteurs s’essaient à plusieurs métiers. 11 ateliers pour découvrir 14 métiers différents sont proposés. « Chaque personne fait trois ateliers au cours d’une visite, explique Laurine Chanoine, chargée de communication évènementielle pour INDULO. Elles se mettent dans la peau d’un industriel et le but est aussi de leur laisser une certaine autonomie ».
Ce vendredi 1er décembre, venu avec la mission locale de Lyon 8, Enzo prend part à l’expérience. À 18 ans et malgré un Bac STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), le jeune homme ne se destine pas à un métier de l’industrie. Il s’oriente plus vers la vente et rêve d’ouvrir son propre magasin de jeux vidéos et manga. Pour s’adapter à son public du jour, Margaux Galan, chargée de mission animation et de facilitation à INDULO, décide donc de le faire passer par l’atelier marketing.
Mais avant de démarrer les ateliers, la visite débute par un jeu de plateau, imaginé par l’association Tubà, dans lequel il faut construire sa propre usine. À l’aide de jetons, Enzo va définir son usine, il doit replacer et relier entre eux les différents lieux et postes, des ressources humaines jusqu’à l’import/export, l’usinage en passant par le stock. Il doit ensuite placer les cartes des métiers dans chaque poste. Margaux, lui fait ensuite reconnaître les différents composants qui vont être nécessaires à la construction de sa pédale de vélo et l’interroge pour savoir si selon lui, ils sont fabriqués au sein de l’usine ou importés d’ailleurs.
Après ce premier brise-glace sur le monde de l’industrie, il est l’heure de passer à la pratique. Enzo découvre d’abord les métiers de dessinateur-projeteur et de technicien supérieur en fabrication additive. Dans cet atelier, à l’aide d’un logiciel sur ordinateur, Enzo va designer le grip de la pédale de vélo. Personnalisation de l’inscription, la couleur, des formes etc, dans un premier temps. Puis vient la deuxième étape, la matérialisation grâce à une imprimante 3D.
Deuxième atelier, Enzo s’essaie au métier d’intégrateur robotique. Dans la mini-usine, on retrouve une cellule automatique avec deux robots programmés pour l’usinage de la pédale de vélo. Lors de son stage de troisième au sein d’une entreprise qui fabrique des pièces de voiture, Enzo avait déjà pu découvrir ce type de mécanismes.
Troisième atelier, au poste de monteur assembleur, Enzo met la main à la pédale pour assembler des pièces à partir des fiches d’instruction sur ordinateur.
Dernière étape, comme Enzo se destine à la vente, Margaux le fait passer par l’atelier marketing. « On ne l’imagine pas forcément, mais l’industrie aussi a besoin de chargés de marketing, ils en cherchent », explique-t-elle. Au cours de ce parcours, Enzo doit monter sa propre campagne marketing, jusqu’aux posts sur les réseaux sociaux.
Changer le regard sur l’industrie
La visite d’INDULO s’achève généralement par une partie débat : est-ce que l’industrie est faite pour les femmes, est-ce qu’elle tue la planète, est-ce que les robots vont piquer mon travail ? Car le but d’INDULO est aussi de proposer une nouvelle vision de l’industrie en phase avec les défis sociétaux et environnementaux. « Ce sont des questions légitimes. Ce n’est pas parce que nous avons passé deux heures avec toi qu’on a révolutionné toutes les idées que tu pouvais avoir, mais l’objectif est d’ouvrir le débat, de se dire que tout n’est pas joué et que c’est justement le moment d’agir », souligne Margaux Galan.
Même si Enzo n’était pas forcément la cible aujourd’hui, l’objectif est aussi de donner envie aux visiteurs de s’orienter vers les métiers de l’industrie qui recrutent. Un présentoir à métier avec des fiches est ainsi mis à disposition et sur le site d’INDULO, des professionnels parlent aussi eux-mêmes de leur travail.
Et parfois de belles histoires peuvent naître de ce simulateur d’industrie, comme le raconte Laurine Chanoine : « la dernière fois, suite à une vidéo que nous avions publiée d’une jeune sur un de nos ateliers, quelqu’un, impressionné, a souhaité la recruter ».
Urbanisme transitoire : Révélateur de talents
Publié le 9 février 2024 par la rédaction du MET'
La Métropole de Lyon mise sur l’occupation de lieux vacants pour faire naître de nouveaux projets en attendant le démarrage des chantiers. Un immeuble désaffecté devient rampe de lancement pour les startups alors qu’un ex-site militaire s’improvise café associatif.
Cap Nord, ici on cultive des entreprises
Un bâtiment de 25 bureaux inoccupés et 40 places de parking au 80 avenue du Loup-Pendu à Rillieux-la-Pape : la Métropole perçoit les potentiels du site et achète le terrain à Enedis début 2000. Les travaux de réaménagement du quartier avec la Ville de Rillieux ne sont pas prévus pour tout de suite et les collectivités s’interrogent : que pouvons-nous imaginer dans ces 1 400 m² temporairement disponibles ? Réponse concertée : une pépinière d’entreprises au service de l’économie locale.
Avec tous les outils nécessaires à celles et ceux qui veulent monter leurs boîtes. La Métropole s’occupe des travaux indispensables avant de laisser les clés à Cap Nord, l’association qui gère le lieu et ses occupants. Sur place : des bureaux, des ateliers, des salles de réunion, du coworking, une cuisine et des lieux de stockage à des prix très attractifs. Concept marketing, recherche de financements et de clients, démarches administratives : un accompagnement personnalisé pour créer sa boîte et se lancer. Et ça marche : plus de 70 % des entreprises incubées ont réussi à stabiliser leur activité et même à générer des emplois.
La Galoche, ici on réinvente la vie de quartier
Sathonay-Camp, 1 257 rue de la République. À quelques encablures de la ZAC Castellane, la caserne de gendarmerie a vidé les lieux depuis longtemps. Abandonné, l’ancien hôtel du commandement est toujours là, mais en piteux état.
L’imposant bâtiment militaire des années 1930 est trop dégradé pour accueillir du public. Qu’à cela ne tienne : en attendant de lancer le futur projet urbain, la Métropole a érigé un préfabriqué pour y installer La Galoche. Depuis le mois de juin, un café associatif, une épicerie locale et de vrac et un espace de travail partagé cohabitent joyeusement dans les 220 m². Et tout autour, un terrain à ciel ouvert de 1 400 m² permet d’organiser des événements festifs aux beaux jours.
Quand le passé se conjugue au présent
Publié le 9 février 2024 par la rédaction du MET'
Située à proximité de la station de métro La Soie, l’allée du Textile constitue une trace remarquable de l’ancienne usine Tase. Si le site a fermé ses portes dans les années 1980, il reprend vie grâce aux entreprises qui sont accueillies.
Aujourd’hui encore l’identité du quartier est marquée par la présence de l’ancienne usine, accompagnée de sa cité-jardin et de ses Grandes Cités en cours de réhabilitation. Cet ensemble urbain patrimonial d’exception fête d’ailleurs cette année son centenaire. Le bâtiment façade de l’usine a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 2011. Il a été réhabilité par un opérateur et transformé en bureaux. Il a été décidé de conserver également, en lien avec l’architecte des bâtiments de France, la partie est de l’usine pour sa valeur patrimoniale. Elle est caractérisée par ses sheds, une toiture en dents de scie emblématique des anciens ateliers.
Patrimoine, économie, ONG…
L’aile est fait l’objet de son côté d’un nouveau projet de reconversion mené par un opérateur privé. En complément, les sheds et le bâtiment de bureaux du 4 allée du Textile, acquis progressivement par la Métropole de Lyon, sont mis à disposition en attente d’un projet de requalification d’ensemble.
Plusieurs structures et entreprises successives développent ainsi leurs activités pour des périodes de trois ans renouvelables, au cœur d’une surface d’environ 3 000 m2. Par exemple, avec des associations mobilisées autour du patrimoine industriel : Silk Me Back, autour de la soie, et précédemment Vive la Tase, Dentelles vivantes.
Des structures de l’économie circulaire comme Cagibig, qui favorise la mutualisation de matériel et d’équipements techniques pour des manifestations culturelles, et précédemment Mineka, s’y développent aussi. Des acteurs de la solidarité, l’ONG Les Soldats de la Paix, ou précédemment la Croix-Rouge, Entrepreneurs du monde, le GEM Envol et Compagnie sont d’autres exemples. À l’été 2023, sept structures occupaient le site pour une vingtaine de personnes environ.
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