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Bruno Bernard : « Avec la crise, il nous faut agir vite »

Grands projets

Publié le 17 janvier 2022 par Julien

La crise sociale et écologique impose d’agir vite pour à la fois changer le quotidien des habitants et nous préparer au changement climatique. Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon décrypte pour nous les grands chantiers de l’année qui s’ouvre sur fond de crise sanitaire.

L’année 2021 a été marquée par le démarrage de plusieurs grands projets sous le signe de la transition écologique et de la justice sociale : le revenu solidarité jeunes, par exemple, lancé au printemps dernier ; le coup d’envoi des 10 000 vélos prêtés aux jeunes boursiers ou en insertion ; le travail avec les industriels pour la décarbonation ; l’expérimentation des bornes à compost à Lyon 7e ou encore l’encadrement des loyers. Ces projets se poursuivent bien sûr en 2022 et vont même prendre de l’ampleur : voici les perspectives pour 2022 de Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon.

Bruno Bernard : Je citerai d’abord l’encadrement des loyers qui a démarré en novembre dernier pour stopper l’envolée des prix à Lyon et Villeurbanne. Sur le terrain, les 6 agents de l’équipe métropolitaine de l’habitat (Emha) seront chargés de faire respecter cet encadrement, de repérer les logements vacants pour convaincre les propriétaires de les mettre en location. Mais aussi d’identifier les logements insalubres, ou encore de veiller à l’application des règles sur les logements touristiques.

Ensuite, il y a les bornes à déchets alimentaires que nous avons installées, en phase de test, dans le 7e arrondissement. Les premiers retours sont ultrapositifs avec plus de 20 tonnes collectées par semaine. Et ce n’est qu’un début ! En 2022, nous allons déployer les bornes pour 200 000 habitants supplémentaires, dont Villeurbanne. Et nous espérons étendre les bornes à compost à tous les habitants des zones urbaines en 2023. Ce qui nous permettrait de toucher 1 million d’habitants. Sur ce projet, nous sommes partis de zéro et c’est allé très vite !

Enfin, je citerai le premier tronçon des Voies Lyonnaises dont les travaux démarrent. Les Voies lyonnaises, c’est un projet majeur de lignes cyclables larges et sécurisées pour développer la pratique du vélo de manière sécurisée.

Notre priorité, c’est d’offrir des alternatives à la voiture individuelle pour réduire notre impact carbone et lutter contre la pollution de l’air. Mais c’est aussi faire gagner du pouvoir d’achat aux habitants : celles et ceux qui peuvent se passer de leur voiture font des économies. Cela veut dire développer les transports en commun, avec 25 km de tram supplémentaires sur le mandat. Cela passe aussi par un développement massif du vélo avec les Voies Lyonnaises et l’aide à l’achat d’un vélo. Nous développons, en parallèle, de nouvelles solutions pour les automobilistes : le covoiturage, avec une première gare inaugurée quai Gailleton en novembre dernier, les bornes de recharge électrique avec le réseau Izivia qui couvre désormais toutes les communes ou encore l’autopartage avec de nouveaux services comme LPA-Citiz.

Je leur réponds qu’il faut trouver un équilibre. Nous avons encore besoin de voitures dans l’agglomération. Dans les communes périphériques, et en l’absence d’alternatives existantes, la voiture reste le meilleur moyen de se déplacer. Il faut en tenir en compte !

Mais au cœur de l’agglomération, il existe d’autres solutions et la voiture doit cesser d’occuper trop d’espace. C’est le sens du nouveau projet urbain sur la rive droite du Rhône : stop aux autoroutes urbaines !

La publicité prend beaucoup trop de place dans l’espace public et privé. Nous travaillons en ce moment avec tous les maires du territoire pour définir les nouvelles règles qui protègeront notre cadre de vie et nos petits commerçants. Nous allons effectivement interdire les dispositifs envahissants et intrusifs comme les écrans numériques ou les bâches de chantier. Nous voulons aussi protéger les abords des écoles et instaurer de nouvelles règles d’extinction des publicités lumineuses la nuit.

L’objectif : réduire nos consommations énergétiques et protéger la biodiversité.

On a créé Impact, un outil pour que les entreprises puissent justement évaluer leur impact climatique, social et sociétal. C’est un outil numérique, gratuit, pour mesurer leurs engagements sur les questions d’environnement et de justice sociale et identifier des pistes d’amélioration. Nous accompagnons aussi les industries du territoire dans leur mutation pour qu’elles produisent moins de CO2. Le fonds de 80 millions d’euros pour l’industrie, initié l’an dernier avec Saint-Étienne Métropole, va bénéficier à deux premières entreprises, dès 2022. Il ne faut pas oublier que l’industrie fait vivre plus de 75 000 personnes dans notre agglomération : c’est 13 % de l’emploi dans la Métropole ! Et puis 2022, c’est aussi la concrétisation du Schéma d’achats responsables pour la Métropole : un budget de 600 millions d’euros orienté en priorité vers les entreprises locales et qui ont des pratiques vertueuses.

Bien sûr, il y a toujours un dynamisme entrepreneurial très fort. La Métropole de Lyon reste en tête des classements des métropoles attractives. En 2022, nous lançons les travaux pour deux nouveaux pôles d’entrepreneuriat : ils seront cette fois à l’est, à Vénissieux et Vaulx-en-Velin. À travers ces pôles, nous accompagnons les petites entreprises dans leur développement. Avec un impératif : que leur activité soit compatible avec les enjeux climatiques et sociaux.

Nous menons aussi un gros travail avec les entreprises sur le volet de l’insertion. L’enjeu pour nous, c’est de permettre aux personnes en recherche d’emploi dans la Métropole de retrouver une activité. Nous privilégions donc les entreprises qui vont embaucher les habitants de nos territoires.

Nous venons de créer officiellement la régie de l’eau : elle sera en effet opérationnelle en 2023. Il n’y aura pas de changements visibles tout de suite pour les habitants. Mais nous allons travailler rapidement sur le prix de l’eau : je souhaite par exemple que les premiers m3 d’eau soient gratuits pour les plus précaires. À plus long terme, l’objectif, c’est de préserver la ressource en eau qui va devenir de plus en plus rare. Contrairement aux entreprises privées, la régie ne versera pas d’argent à des actionnaires et elle pourra investir massivement dans l’entretien du réseau.

Nous avons lancé en 2021 le revenu solidarité jeunes (RSJ) qui a déjà profité à 500 jeunes de moins de 25 ans. Cette aide d’urgence permet de tendre la main aux jeunes en détresse pour éviter qu’ils ne tombent dans l’extrême pauvreté. Cela nous permet en plus de les accompagner, de les orienter vers les organismes qui les aident à rebondir. Nous poursuivons ce travail avec les associations et renouvelons le dispositif en 2022.

2022 c’est aussi le déploiement progressif de Freevélo’v, avec 2500 vélos prêtés aux étudiants boursiers et jeunes en insertion, sur les 10000 distribués tout au long du mandat. Plutôt que de partir à la benne, ces vélos sont récupérés, réparés par des personnes en réinsertion et remis dans le circuit. Réemploi, insertion, aide à la jeunesse : avec Freevélov’ on coche beaucoup de cases !

Et la Métropole accueille les finales françaises des Wordskills les 22 et 23 janvier et, en 2024, Lyon recevra les finales mondiales ! C’est un événement important avec 2000 jeunes de plus de 80 pays en compétition, autour des métiers. Une occasion inédite pour les collégiens, les lycéens, les jeunes en insertion de découvrir des métiers d’avenir, de faire naître des vocations, de revaloriser des métiers injustement déclassés. Et quand on voit les difficultés de nos entreprises à recruter dans certaines branches, il est absolument essentiel pour notre territoire d’accompagner cet événement.

La construction de logement a chuté depuis 2017 dans la Métropole et il est de plus en plus difficile de se loger. Nous travaillons sur des politiques du long terme pour accompagner la construction de logements sociaux, en lien avec les bailleurs, de logements abordables avec le bail réel solidaire (BRS), mais aussi de logements libres. On développe une politique foncière pour mieux contrôler les prix des terrains et préparer l’avenir. On travaille aussi avec les maires: par exemple nous allons subventionner directement les équipements des communes dont la population augmente pour faciliter la construction de logements.

Nous voulons aussi retrouver et préserver la nature au coeur de l’agglomération. C’est une obligation pour tous les projets urbains à venir. Nous l’intégrons d’ailleurs au plan local d’urbanisme et de l’habitat (PLU-H) dans la modification n°3 qui est en cours.

Sur la démocratie participative, tout reste à faire. Plus le territoire est grand et plus c’est difficile. Nous devons faire preuve d’humilité mais aussi de volonté.

Sur les concertations nous devons en effet être très clairs sur ce qui est discutable et sur ce qui ne l’est pas. Certains aspects ne sont pas discutables et je ne veux tromper personne. Prenons le projet rive droite du Rhône par exemple: OUI, nous allons réduire la place de la voiture, c’est un invariant posé dès le démarrage. Et OUI, il y a des tas de choses discutables, tout particulièrement sur les usages: qu’allons-nous faire des bas-ports ? Quelles installations pour rythmer la promenade? Des jeux, un parcours sportif, des terrasses…?

Je veux impulser cette culture de la concertation dans la Métropole de Lyon, à travers de nouvelles formes de participation. Pour la zone à faibles émissions (ZFE) par exemple, nous avons créé un « panel citoyen » qui nous a remis un avis éclairé fin décembre. Les visioconférences aussi nous permettent de toucher des personnes qu’on ne voyait jamais en concertation. Et donc d’ouvrir plus largement le débat. Ce sont des signes encourageants et très positifs !

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Bruno Bernard décrypte pour le MET' les grands enjeux de l'année à venir
© Thierry Fournier // Métropole de Lyon
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